Réponses aux questions:

 

Que choisir entre un pilote ou un régulateur d'allure?

Bonjour !
j'ai un bateau acier qui fera +/- 10T en charge.
but : tour de l'Atlantique pas moins.
équipage : mon épouse (très efficace) et moi + 2 mousses de 16 et 11 ans (+/- volontaires).
question : pilote électrique (hydraulique) ou régulateur d'allure ????
les deux c'est idéal mais trop cher.
Comment avez-vous fait sur Banik ?
Le régulateur me plait bien mais pour les trajets et manœuvres au moteur ?
le pilote électrique ne me déplait pas mais d'après les catalogues la consommation est de 150W/H !!!
j'aimerais profiter de votre expérience.
Merci d'avance.                                    Raoul de "Merlin"

 

 

Dans ce domaine, nous avons évolué et je pense que ce n'est pas fini. Il y a eu plusieurs étapes que j'essaye de décrire ci dessous.

Banik possède une jupe, et je ne voudrais pas m'en passer. Je l'ai même rallongée entre deux voyages...
Cela fait qu'au départ j'avais éliminé le régulateur d'allure malgré une préférence pour ce système car j'en avais un ("fabrication maison" sur plan de l'architecte) qui était installé sur le premier Banik (un Trismus) et qui fonctionnait très bien.
Je refusais par contre d'être obligé de faire tourner le moteur ou un groupe électrogène pour fabriquer le courant nécessaire au fonctionnement d'un gros pilote.

La solution choisie dans un premier temps est  un petit pilote électrique Autohelm 3000 (car Banik a une barre à roue, il y a l'équivalent pour la barre franche). L'Autohelm 3000  n'est pas prévu pour un voilier comme Banik mais pour avoir un pilote électrique efficace par toutes les conditions de temps, il faut mettre un prix qui nous motivait encore à barrer de temps en temps. Pour beaucoup de choses en plaisance, il y a la gamme "petit prix", pour "petit bateau"... et la gamme "gros prix" pour "gros bateau". Banik approche les 14 tonnes quand on est toute la famille en voyage avec les bouquins de classe, les deux annexes et leurs moteurs; la planche à voile, les bouteilles de plongée, la collection de cailloux etc. Nous sommes plus proche de la catégorie des "gros bateaux".

 

Dès le début, en 1990, nous avons cependant choisi un pilote électrique de la gamme "petit bateau".

Les avantages d'un petit pilote:

  • Ce n'est pas cher: entre 600 et 700  € ce qui nous a permis d'en avoir deux à bord et cela reste de loin inférieur en coût à un seul gros pilote. En cas de panne il y a un pilote de rechange le temps de réparer (même un gros pilote de bonne qualité peut tomber en panne: il suffit d'un petit composant électronique à 50 centimes qui grille...) Nous n'avons eu aucune panne d'électronique avec ce pilote, nous avons seulement du changer le petit moteur électrique (60 €) qui est minuscule (on se demande comment cela peut développer tant de puissance)
  • Et surtout cela ne consomme pas grand chose: Nos trois panneaux solaire de 50 watts fournissent tout le courant électrique du bord sous les tropiques, y compris pour le pilote qui fonctionne 24 heures sur 24 et le frigo.
Sans régulateur d'allure on peut porter l'annexe sur bossoirs

 

Les inconvénients d'un petit pilote :
Le premier est presque un avantage, on est toujours obligé de régler le bateau au mieux pour que le pilote puisse barrer correctement sous peine de devoir prendre la barre à sa place... Ça motive.

Le deuxième c'est qu'on est souvent obligé d'être un peu sous toilé car si on met de la puissance le bateau part au lof sans que le pilote ne le retienne.   Quand le vent forcit  le bateau a également tendance à lofer et le pilote a alors beaucoup de mal à barrer. Il n'a pas la force de le faire et son mouvement est trop lent pour arrêter l'embardée dès le début, quand il est encore temps de retenir le voilier facilement. Il fallait alors reprendre la barre au dessus de force 6 au près et au dessus de 7 au portant quelle que soit la réduction de voilure. Cela nous a obligé à tenir parfois de longs quarts à la barre dans le mauvais temps.
Nous nous sommes accommodés de ces inconvénients puisque nous avons parcouru plus de 25000 milles de cette façon (4 transatlantiques et 2 tours des Caraïbes jusqu'en Floride) ... L'équipage était bien rodé, les moussaillons, opérationnels, prenaient leurs tours...

Il faut reconnaître que nous avons souvent navigué sous toilé pour être tranquille jusqu'à ce qu'on installe les dérives arrières inclinées.  Nous baissons l'une ou l'autre suivant l'amure ou les deux au vent arrière. Nous contrôlons ainsi l'aulofée, le voilier est sur des rails. Cela nous a permis de toujours pouvoir toiler le bateau à fond. On a gagné un ou deux nœuds suivant les allures.

Le système peut maintenant fonctionner pendant 80 % des périodes de navigation, à la voile et 90 % du temps au moteur.  Mais ce n'est pas une solution pour 100% du temps. Même avec les dérives arrières, à partir de force 7 le pilote a beaucoup de mal et on doit réduire la voilure plus qu'il ne le faudrait. C'est dommage de perdre de la vitesse ou de la puissance au moment ou les vagues qui se creusent en demandent.
Dans le vrai mauvais temps, même si le voilier est bien stabilisé et équilibré, la force à mettre sur la barre et surtout la vitesse de réaction dépassent les capacités du pilote on doit alors prendre impérativement sa place.

Le système du petit pilote n'est donc pas complètement satisfaisant. Surtout depuis notre départ de 2004  parce que nous ne sommes plus qu'à deux et nous avons de moins en moins envie de passer des heures à la barre dans le mauvais temps (Bien que ce soit un facteur de sécurité car on reste en contact avec ce qui se passe à l'extérieur). C'est à des choses comme ça qu'on comprend qu'on commence à vieillir...

Donc il fallait améliorer le système et nous avons installé quand même un régulateur d'allure.

 

En 2004, nous avons complété le petit pilote par un régulateur d'allure

Quel régulateur d'allure ?

Jean- Louis RODRIGUES nous écrit:    salut Banik!  j'ai également été séduit par le régulateur Cap Horn. Connais tu du monde l'ayant testé ? Peut on se fier à l'argumentaire commercial ? 

Olivier LIENGME a le même contexte de montage que BaniK:   "Je ne connaissais pas votre site... Effectivement j'ai également une jupe arrière... il y aura un portique pour le zodiac, et j'aimerais également mettre un jean-du-sud ou un Cap Horn... Merci de me dire comment vous aurez fait pour la place du zodiac !!!  Comme je m'inscris pour les mises à jour, je le verrai si vous publiez votre réponse... Meilleurs messages...

 

Un régulateur qui peut s'installer dans la jupe en 10 minutes à l'aide de 4 boulons. Nous avons soudé un support inox à cet effet au bord de la jupe.
La construction du régulateur est soignée et  robuste.
Le mécanisme est très simple et ne peut pas tomber en panne ou bien peut se réparer facilement.
C'est le régulateur Cap Horn, modèle Joshua qui a été fabriqué sans frais supplémentaires aux dimensions de Banik  par ASMER  (voir l'adresse du site dans les liens de Banik).

Pour les grandes traversées on installe rapidement le régulateur d'allure, l'annexe est solidement ficelée sur le pont. On ne souhaite pas la prendre sur les bossoirs du portique.

Quand on est au moteur, on branche le pilote électrique que nous gardons évidemment.

Pour les ballades entre les îles, le régulateur est démonté et rangé. La jupe est alors dégagée, on peut porter l'annexe sur les bossoirs.

Le montage que j'ai demandé me permet d'installer l'engin dans la jupe, avec une action directement sur le secteur de la barre à roue pour éviter les drosses qui passent partout dans le cockpit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand nous n'utilisons pas le régulateur,  il est rangé à l'intérieur, sous le cockpit ou il tient sans problème car il se replie en deux au niveau de la jonction entre la pale en bois verni et le tube inox supportant l'aérien.

 

Après quelques centaines de milles, nous avions encore du mal a régler le régulateur. En fait, la connexion des drosses directement sur le secteur demandait à l'engin un effort énorme pour faire tourner le safran.  
Nous avons demandé à Asmer de nous fournir un système débrayable qui permet de fixer les drosses directement sur la barre à roue mais il y avait trop de détours et de longueurs sur les drosses. On a encore changé le système en faisant très court vers une barre franche inversée. Ça va mieux maintenant mais ce n'est pas encore satisfaisant dans toutes les conditions de temps. Banik est trop lourd, l'inertie du système de barre à roue est trop importante pour ce modèle de régulateur qui fonctionnerait sans problème sans la barre à roue

Donc il fallait encore améliorer le système et nous installons quand même un gros pilote

 

Et pour finir, en 2008 : Installation d'un vérin hydraulique L&S commandé par une centrale Navicontrol.

Notre flemme à barrer, l'équipage qui pourra parfois être réduit à un seul bonhomme, la perspective de mers puissantes dans les latitudes Sud, ont fait que j'ai donc fini par céder et j'installe un pilote hydraulique quitte à devoir arrêter le frigo si ça consomme trop. Ce système ne sera monté que mi 2008, à notre retour à bord. Ce sera l'occasion de faire un topo technique sur la manière de réaliser l'installation... Et dès que nous aurons fait quelques essais, nous ne manquerons pas de vous en parler sur cette page. Je pense déjà que les dérives arrières resteront en place pour stabiliser le bateau et générer ainsi des économies d'énergie électrique.

Rendez vous bientôt pour la suite du feuilleton...

 

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