Série1

Cahier N° 4  

Juillet 2004

 

Tous les guides vous le dirons : Il faut bien choisir son heure pour passer le chenal du Four.
Nous n'étions pas à la bonne heure pour passer le Four, le coefficient de marée était de 72 (marée moyenne donc courrant moyen), le vent quasiment nul et la visibilité complètement nulle et en plus c'était la nuit.
L'intérêt de ce cahier est juste de montrer que quelque fois, en analysant le pour et le contre il ne faut pas hésiter à faire à son idée en dépit de ce que disent les guides.

 

Informations nautiques : Le passage du chenal du Four, du Nord au Sud:

Les instructions de navigation préconisent d'attendre dans un des ports du Nord (l'Aber Wrac'h, l'aber Ildut ou Portsall...) que l'heure soit idéale pour embouquer le chenal. Les conditions que nous avions (voir ci dessus) m'ont fait préférer l'option de prendre le chenal quand même, quitte à ne pas aller très vite.

Quand on regarde les entrées des ports abris qui permettent d'attendre l'heure favorable on voit de suite que ça ne ressemble pas à la passe W de la rade de Cherbourg. C'est plein de pavasse vicieuses. Quand il fait jour, par temps clair, on fait du pilotage, on surveille les alignements, ça le fait bien... Mais de nuit avec une brume à couper au couteau, même avec un GPS, je ne le sentais pas. Les risques d'embouquer le chenal du Four me semblait moins importants que ceux de rentrer dans ces conditions, juste pour quelques heures, dans un de ces abris.


Voilà ce qu'on voyait quand le jour était levé... Alors de nuit vous imaginez!

 

Les risques et désagréments du passage du Four :

- Le vent contre le courant qui peut lever une mer très difficile.
- La présence de nombreuses tête de roches et îlots en bordure du chenal.
- L'étroitesse du chenal qui empêche de tirer des bords.
- Une relativement grande longueur (surtout en avançant contre le courant)
- Dans le sens Nord-Sud on a  4:30 h de courant favorable contre 7:30 h de courant défavorable.

 

L'horaire idéal pour le passage du Nord au Sud :

Se trouver à la bouée du Libenter à l'entrée de l'Aber Wrac'h une heure après la pleine mer de Brest. Piquer le plus vite possible en profitant de la renverse vers le phare du Four et poursuivre d'une traite jusque la pointe Saint Matthieu car on ne dispose que d'un bon 4:00 h pour le trajet.

Sans vent, il vaut mieux avoir un bon moteur.

 

Comment on a fait :

Il n'y aura pas beaucoup de photo pour illustrer la chose car, comme on l'a dit, c'était la nuit dans le brouillard.

Nous avons pris la décision de poursuivre vers le chenal autour de la position 48°45N - 4°35W.  Nous étions alors à moins de 7 milles au Nord du phare de l'île Vierge qui était complètement invisible. Ce qui me troublait c'est que ce phare porte au moins à 4 fois cette distance. Ça promettait pour trouver les fanaux et autres perches dans les abers ou les roches de Portsall.

De là on a suivi une route au 225° pendant 18,5 milles pour éviter la chaussée de Portsall. Nous visions le point de route : 48°32,5'N - 4°55'W. Au passage, nous avons aperçu et entendu sur notre bâbord la cardinale W "la grande Basse de Portsall".

On ne peut pas résister à l'envie d'arrondir la route au fur et à mesure pour raccourcir les distances. On a donc fini  par se retrouver sur l'alignement du chenal : Cap au 158° pour aligner le phare de Kermorvan (feu à un éclat blanc 5 secondes 20 M) et celui de la pointe Saint Mathieu ( feu à un éclat blanc 5 secondes 29 M). Pour le moment c'est au GPS qu'on se maintient sur cette ligne invisible qui permet d'éviter les hauts fonds de part et d'autre du chenal. Pour cela on a rentré dans le GPS les coordonnées du phare de la pointe Saint Mathieu : 48°19,8'N - 4°46,3W et on reste vigilant, l'oeil sur l'instrument. On arrive pile poil sur la bouée Valbelle (48°26,5'N - 4°50,0'W) qu'on laisse à bâbord. On voit la tourelle à bandes obliques blanches et noirs des Platresses dont nous ne nous approchons pas. On continue sur l'alignement qui est maintenant visible. Les deux phares portent loin et le temps s'est un peu éclairci.

Quand on arrive à proximité de la presqu'île de Kermorvan, l'alignement est fini et on suit la côte. On passe entre la tourelle de la Vinotière (48°22'N - 4°48,5W) et le phare blanc de Kermorvan (48°21,7'N - 4°47,3'W). On passe devant l'entrée du port du Conquet.

On arrive devant la Pointe Saint Matthieu qui est reconnaissable à partir de notre photo. Ça y est on en est presque sorti.

Il reste la tourelle rouge des vieux Moines (48°19,4'N - 4°66,5'W)  à laisser sur bâbord avant de piquer vers Camaret ou nous mouillerons, mangerons et ferons une petite sieste bien méritée.

Certes on a lutté au moteur contre le courant pendant une trentaine de milles on a peut-être mis quatre ou cinq heures de plus que dans les bonnes conditions. Si nous nous étions arrêté, on serait arrivé encore plus tard à Camaret. Et quelques heures de moteur ce n'est pas cher payé les risques évités en n'essayant pas de rentrer dans un des ports-abris sans aucune visibilité.

 

Ce document est un Cahier de voyage de Banik en route autour du monde. Il a été écrit au moment ou il a été vécu et il est mis en ligne sur le site plusieurs années après. Jusqu'à présent, seuls les abonnés aux Cahiers de voyages avaient pu le lire en temps réel.

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