Cahier N° 34

 

Le Bel Espoir est un trois mats goélette à hunier qui a été construit en 1944 à Svenborg au Danemark par Ring Andersen.  Le navire bat le pavillon français car il est immatriculé à Brest en navigation de plaisance. La coque fait 30 mètres de long mais le bout dehors rallonge la ligne du voilier de huit mètres supplémentaires. La largeur est de 7 mètres et le poids avoisine les 100 tonnes. En mer, les 600 m² de voile poussent le vieux gréement à 10 noeuds. Un moteur Beaudouin de 280 chevaux prend le relai des voiles dans les manoeuvres de mouillage ou dans les ports. Le voilier a été entièrement rénové à Camaret sur mer en 1993 et 1994. Depuis il a parcouru 180 000 milles soit l'équivalent de 9 tours du monde.

Grande anse d'Arlet est un peu la base des voiliers au long cours de passage en Martinique. Les plaisanciers préfèrent la baie du Marin qui propose de multiples services, mais les oiseaux du large, habitués à une certaine autonomie, préfèrent l'isolement relatif de ce petit bourg de pécheur qui offre un calme serein dans un décor magnifique. C'est donc naturellement dans cette anse que le Bel Espoir (B - E pour les initiés) et Banik se sont retrouvés. Guillaume Carnat, pilote au port de Dunkerque, est le commandant du BE à ce moment là. Il nous a gentiment invité à monter à bord? plus de 10 ans après notre première visite.

Le gréement est celui d'un trois mats goélette à huniers  Le premier mat (à l'avant) porte en effet deux vergues qui permettent d'établir une voile de hune. La particularité de celle du BE est qu'elle est montée sur un enrouleur ce qui permet de l'établir ou de la ferler à partir du pont à l'aide d'un savant jeu de poulies et de cordages.

Toutes les manoeuvres viennent se fixer autour des cabillots. (Vieux gréement oblige). Les cabillots sont de grosses chevilles en bois qui ont le même usage que les taquets. Mais alors que ces derniers sont fixes, les cabillots sont libres et peuvent être retirés de leur logement. C'était très pratique du temps de la flibuste, quant éclatait une bagarre sur le pont, on savait qu'il y avait toujours quelques dizaines de matraques disponibles bien rangées le long du pavois.

Le voilier embarque 20 personnes. Il est armé avec un équipage permanent de 10 personnes dont environ la moitié sont des jeunes de la Marine Marchande (la Marmar). C'est encore Michel Jaouen (84 ans) qui est le commandant les trois quart du temps. Les passagers viennent de différents horizons. Des jeunes en difficultés (c'est la vocation du BE) des retraités, des amoureux des vieux gréements, des élèves de la marine, des néophytes à la découverte de l'océan... Mais à bord, tout le monde est stagiaire, sans distinction d'age, de niveau social, de compétence... Ce n'est pas le Club Méditerranée, tout le monde participe aux activités du bord aussi bien à la passerelle que sur le pont (manoeuvres, quarts de jour et de nuit, vaisselle, ménage...)

Il y a cependant un cuistot permanent à bord. C'est mieux car les talents culinaires des membres de l'équipage pourraient être très variables. Et comme chacun sait, la nourriture influence beaucoup sur le moral des troupes. Il est plutôt bien installé le cuistot. La cuisine occupe la partie arrière de la timonerie. Elle est  spacieuse, claire, bien aérée. Le chef a une vue permanente sur l'océan. Bien des ménagères peuvent l'envier.

Le grand carré réfectoire occupe tout l'espace du deuxième roof entre le grand mat et le mat d'artimon. On imagine l'ambiance des soirées conviviales lorsque que passagers et équipages se retrouvent autour des tables pour commenter la dernière traversée ou pour refaire le monde. C'est à cet endroit que se construit aussi l'esprit BE dont l'ambition est de laisser à chacun le souvenir d'une belle aventure humaine autant qu'une équipée unique à la voile.

Les barreurs se relaient à la barre dans la timonerie. C'est là que sont rassemblés les instruments de navigation. Tous les ans le BE fait un tour de l'Atlantique avec une large boucle dans les Antilles. Cette année il est parti de Brest mi décembre pour arriver en Martinique fin janvier. Les escales furent Lisbonne, Madère, Canaries, Cap Vert. De Martinique, le BE a visité les Grenadines. Puis il remonte vers New york en passant par Cuba et la Floride. Enfin c'est le retour à Brest en  traversant à nouveau l'Atlantique avec une halte dans l'archipel des Açores