Cahier N° 89

 

 

Troisième sommet de Tahiti et aussi de toute la Polynésie française, l'Aorai culmine à 2066 mètres. On nous avait dit que la vue sur les vallées et le lagon de Tahiti, à partir du sommet, est sublime. On a évidemment eu envie d'aller vérifier. C'est une promenade sportive mais accessible à tous ceux qui pratiquent la randonnée et la marche en montagne. C'est aussi une alternative aux joies et plaisirs de l'océan et du lagon.

 

Série "Nature": L'ascension du mont Aorai à Tahiti.


(a)  Le début est facile, le chemin est bordé de fougères arborescentes
et de tulipiers du Gabon.

(c)  Les fougères arborescentes


(c) Drôle de mousse.


(b)  Le fare Mato... et, tout en bas, l'océan.


(b)   Le passage du rocher du Diable.


(a)  Camila n'a pas le vertige.


(a)    Sous le préau du fare Ata


(a)   L'intérieur du fare Ata est spartiate mais nous préserve du vent, de l'humidité et du froid.


(c)  Pascale devant le pilier qui marque le sommet de l'Aorai


(b)   L'île de Moorea qui semble encore endormie.


(b)   Fatigués mais ravis

Si on est très en forme, on peut tenter l'ascension de l'Aorai et la redescente sur la journée. Il faudrait alors partir très tôt le matin avant 5 heures et monter jusqu'au sommet d'une allure soutenue pour y arriver avant que les nuages ne viennent couvrir les sommets masquant le panorama.  C'est tout de même une belle randonnée de 10,6 kilomètres de long (aller)avec un dénivelé de plus de 1800 mètres. Le plus cool est tout de même de passer une nuit en bivouac. C'est la solution que nous avons choisie et nous avons vécu une aventure de montagne tout à fait exceptionnelle.

Le départ de la randonnée se situe à coté du restaurant le Belvédère au village de Pirae sur la cote Est de Tahiti. On laisse la voiture près du parking du restaurant. On est déjà à 600 mètres d'altitude à cet endroit. Le début de la marche est facile. Le chemin est régulièrement entretenu par les militaires qui ont des installations non loin du restaurant. L'Aorai est devenu pour eux une très belle aire d'entraînement à ciel ouvert. Il n'y a donc pas de souci à se faire, il n'est pas possible de se perdre, il suffit de suivre le chemin tout tracé à travers les fougères arborescentes, les tulipiers du Gabon (*) et les acacias. Ce chemin mène en une heure au col de Hamuta à 900 mètres d'altitude. Il faudra encore environ une heure un quart de marche avec sur la fin une pente un peu plus raide à gravir, pour arriver au premier refuge : le fare Mato (1400 mètres). Ce refuge est installé sur un promontoire rocheux. Une citerne récupère l'eau de pluie de la toiture. L'eau est dite potable et on peut remplir les gourdes avant de reprendre le chemin. Le refuge est équipé de quelques plateformes en bois pouvant servir de lits superposés. Des jeunes viennent parfois passer des soirées sympathiques, ou la nuit entière, dans ce décor de montagne pas encore trop difficile à atteindre en marchant et où la température est encore chaude.

Après une petite pause déjeuner qui nous permet de reprendre des forces au soleil, nous entamons la marche vers le deuxième refuge. Au bout de dix minutes il faut passer le fameux Mato Mati: le rocher du Diable, un passage assez délicat en bordure d'un à-pic  impressionnant. Heureusement le passage est équipé comme une via ferrata et n'est pas insurmontable pour la plupart  des gens. Les personnes qui souffrent de vertige peuvent "caler" à cet endroit.

A partir de ce moment on sera souvent en chemin de crête avec des panoramas de toute beauté sur les vallées profondes et les pentes vertigineuses couvertes de végétation. Nous avons toujours en point de mire le sommet de l'Aorai qui semble inaccessible. Cette partie de la route est une grimpette assez coriace avec les lourds sacs à dos. L'ascension est coupée par une petite redescente vers un ruisseau à sec ce jour là. Heureusement car il faut remonter dans son lit sur une cinquantaine de mètres.

Les marcheurs occasionnels pourront mettre deux heures pour arriver au deuxième refuge : le Fare Ata à 1800 mètres d'altitude.

Il y a d'abord un petit préau avec un grande table en bois et des bancs. C'est un bel endroit pour installer confortablement le pique-nique du soir. Le seul inconvénient c'est le froid humide qui nous envahit en cette fin d'après midi alors que les nuages couvrent les crêtes.
Un peu plus loin, en contrebas, se trouve une grande cabane en bois au confort spartiate puisqu'il n'y a rien d'autre que le plancher, le toit et les quatre murs. Mais c'est bien agréable de pouvoir s'allonger par terre à l'abri du vent pour passer la nuit dans un sac de couchage qu'on aura porté jusqu'ici.

Il fait froid, le sol est dur car je n'ai pas emporté de matelas... Je n'ai donc pas très bien dormi, me tournant et me retournant sans trouver le sommeil... sauf en fin de nuit où mes compagnons m'ont dit que j'avais commencé à ronfler...  juste avant que le réveil ne sonne. Et oui on a fait sonner un réveil pour être certain de se lever avant l'aube et partir dans le noir pour gravir le dernier tronçon vers le sommet. Après quelques petits étirements (la journée de marche de la veille et la mauvaise nuit se font bien sentir) nous nous mettons en route à la lumière de la lampe frontale. Notre objectif est le sommet du massif de l'Aorai à une heure de marche. Il y a encore 2 km et 266 mètres de dénivelé à parcourir pour avoir le plaisir de contempler un des plus beaux spectacles offert par l'île de Tahiti : Le lever de soleil vu depuis l'Aorai avec les pics de l'Orohena et du Pito Iti qui entrent lentement dans la lumière du matin. Il y a de quoi émerveiller même les marcheurs les plus blasés.

Quand le jour est totalement levé, on admire le panorama sur 360°. Du bleu et du vert déclinés sur toutes les nuances. Les vallées de Pirae et de Punaruu, la presqu'île au loin, les lignes blanches des cascades qui tranchent le vert des flancs de l'ancien volcan, la ligne blanche de l'écume des vagues qui brisent sur le récif entourant Tahiti... Et plus loin encore, émergeant de l'océan Pacifique, l'île de Moorea qui semble encore endormie. Tout un spectacle qui impose un silence contemplatif et récompense tous les efforts de l'ascension.

Quand nous reprenons nos esprits, il ne reste plus qu'à redescendre en prenant le chemin inverse. Nous sommes bien fatigués mais un sourire radieux illumine nos visages.

Le sol est un peu humide et le mamu, la latérite brune du sol, devient glissante. Il y a eu quelques dérapages sur le derrière pendant la redescente de l'un des plus beaux sommet du Pacifique Sud.

 

 

 

Bonus d'images :
 


(c)  La ligne blanche de l'écume des vagues qui brisent sur le récif entourant Tahiti


(c)  Du vert décliné sur toutes les nuances dans les vallées... En plein cadre le rocher du Diadème,
visible depuis la ville de Papeete.

 


(c)  Nous avons toujours en point de mire le sommet de l'Aorai (2) qui semble inaccessible. Nous
marchons presque continuellement en chemin de crête (1)


(b)  Cette partie de la route est une grimpette assez coriace avec les lourds sacs à dos

(c)  Le soir du premier jour nous bivouaquons au refuge Fare Ata. Dès que les nuages ont envahi les sommets, le soleil a été masqué. La lumière de ses rayons nous parvient faiblement en n'apportant plus aucune chaleur...

(a)
Heureusement que nous avions dans nos sacs de quoi nous réchauffer par l'intérieur.


(b)  Vu depuis l'Aorai, les pics de l'Orohena et du Pito Iti qui entrent lentement dans la lumière du
petit  m
atin, impose un silence contemplatif.

 

(*) Explication de texte:

Dans le texte je parle du tulipier du Gabon. Voici quelques explications complémentaires au sujet de cet arbre aux jolies fleurs rouges

Le tulipier du Gabon  est un arbre  originaire d'Afrique comme son nom l'indique. Il a été introduit en Polynésie pour être utilisé comme arbre d'ornement en raison de la beauté de sa floraison et de sa facilité d'adaptation à différents milieux.  Le problème est qu'il se reproduit par des graines ailées très légères qui s'éparpillent facilement  grâce au souffle de l'alizé. Il représente maintenant pour les flores indigènes une menace très sérieuse. Un habitant de la vallée nous a expliqué que c'est une espèce exotique envahissante. Il pousse rapidement et en force. Ses racines provoquent


Le tulipier du Gabon   (a)

des dégâts considérables aux revêtements urbains et aux canalisations, c'est pourquoi l'utilisation du tulipier du Gabon est désormais proscrite en centre-ville. Ce même polynésien complète son discours en disant que l'Homo sapiens peut aussi être considéré dans la nature comme une espèce exotique envahissante du fait d'une démographie incontrôlée, d'impacts significatifs et néfastes sur l'environnement global : flore, faune, climats... Parlait-il de cela pour son pays? C'est par contre sans doute vrai à l'échelle de la terre... Prenons en conscience et préservons tous ensemble notre belle planète verte et bleue.

 

Série "Information Nautique": l'entrée du port de Papeete.


(b) Papeete vu de l'Aorai

Le port de Papeete s'étend tout au Nord de l'île de Tahiti. Il présente une longue digue-abri construite sur le récif corallien. Les voiliers entrent par la passe Ouest (1) située immédiatement à l'extrémité de la jetée. La passe, large de 120 mètres, est marquée par une bouée verte (feu à occultation 4 secondes) à tribord en entrant et une bouée rouge (feu à occultation 4 secondes) à garder sur bâbord. Attention la passe n'est pas très large pour y croiser un navire de commerce ou un gros ferry qui fait la navette vers Moorea et qui reste bien au milieu dans 15 mètres d'eau.

En venant du large on peut viser le point de route 17°31,6'S - 149°35,4'W puis on suit un cap vrai à 149° pour être sur l'alignement qui nous entre dans le port. De nuit cet alignement est matérialisé par la superposition de deux feux blancs (occultation 12 secondes) placés sur la cote. Il sont visibles à 10 milles.

Par vent de secteur Sud, avec la marée descendante, un fort courant sort du lagon par la passe. Ce courant peut être suffisant pour gêner l'approche d'un voilier peu motorisé. Banik a eu l'occasion de rentrer par là avec 30 noeuds de vent dans le nez et plus de trois noeuds de courant sortant. Il a vraiment fallu pousser sur le moteur.

Une fois entré dans le lagon, un mouillage provisoire (pour attendre le lever du jour par exemple) est possible sur fond de sable devant le temple bien caractéristique en front de mer.

 

 

       
Les amis qui m'ont accompagné dans cette aventure:
 
 
       
    Philippe César Anne Blanchard
       
Les photos marquées
(a) sont de Philippe César
(b) sont de Pascale Taccoen

 

 
       
    Camila César Pascale Taccoen

 

   
Le texte
et les photos marquées (c):

 

   
  Jean-Baptiste Delannoy

 

 

 

 

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