Bouche de Vulcano :

 

Nous sommes venus mouillés il y a bien longtemps au pied de ce volcan des îles éoliennes au Nord de la Sicile. C'était avec le premier Banik. Cette escale nous avait fortement marquée. C'était le printemps, en dehors de la cohue touristique et ca restera un de nos très bon souvenir.

 

 

l'île de Vulcano est prolongée au Nord par une presqu'île formée par un petit volcan attaché: Vulcanello.

Cela forme de chaque coté, deux baies qui se font face et qui offrent l'une et l'autre une bonne défense pour qui vient y mouiller. Cette configuration est intéressante car, en fonction du vent on peut choisir le meilleur abri.

Porto di Ponente à l'Ouest, ainsi que la cala del formaggio, protègent des vents de secteurs NNE à Sud en passant par l'E.

Porto di Levante, qui est équipé d'un quai réservé aux cargos, est protégé des vents de NNW à Sud en passant par l'W.

Si le vent se met à s'inverser radicalement comme cela peut se produire rapidement en Méditerranée lors d'un changement de temps, il n'est pas difficile de retrouver un abri dans la baie d'en face. Il suffit d'emprunter la bouche de Vulcano afin de contourner Vulcanello et jeter l'ancre à nouveau sous le vent de l'île.

Par fort vent de secteur N,  il est préférable de rejoindre le port sur l'île de Lipari (à moins de 4 milles).

Un changement de vent s'accompagne généralement très vite d'un changement de confort dans la zone de mouillage. Le bateau se retrouve le cul à la plage et les vagues qui rentrent directement dans la baie enflent en lui infligeant un tangage de plus en plus accentué. L'étrave qui s'élève et retombe met la chaîne à rude épreuve... Pour la sécurité du bateau et de son équipage, c'est le moment de relever l'ancre. C'est une manœuvre qui n'est pas amusante à faire quand on est bien installé au mouillage avec juste le courage de garder les doigts de pied en éventail ou bien, s'il faut se lever la nuit... .Bien souvent, ensuite, il faut rester en mer et affronter le mauvais temps car il n'y a pas de bon abri proche.

En mouillant à Vulcano, la punition n'est pas trop sévère: Les deux zones de mouillage sont distantes de moins de 2,5 milles et la route ne présente pas de pièges. On peut faire le tour en restant à environ 150 mètres de la côte.

 

 

BANIK a hiverné en Sicile de décembre 1992 à avril 1993.

Nous repartons de Mindello, vers l'Est au début du printemps. Anik raconte le bonheur de retrouver l'aventure. (extrait de courrier de l'époque)

 

Jeudi 7 avril:

Au petit matin, mes deux JB dorment, je suis à la barre et j'assiste à un merveilleux lever de soleil avec en toile de fond les îles Eoliennes vers lesquelles nous voguons. Je ne donnerai pas ma place pour un empire...

Il y a toujours très peu de vent, la journée s'annonce magnifique et chaude. Au réveil des garçons nous prenons le petit déjeuner sur le pont ou il fait bon, nous commençons à pouvoir nous dévêtir, cela sent l'été. Quel plaisir de retrouver de la chaleur et du bon temps, La vie est belle...

Carte seaweb International            www.seaweb-intl.com/accueil.htm

Tout doucement nous entrons dans l'archipel des îles Eoliennes. Nous pensons arriver dans un coin de paradis tellement c'est beau. Sans nous y arrêter, nous passons devant Alicudi et Filicudi: Deux îles en forme de cône, abruptes et dénudées. Le passage dans la bouche de Vulcano est calme et nous longeons Pietra Menalda et Pietra lunga: Deux obélisques qui sortent tout droit de l'eau comme des sentinelles. Nous mettons le cap sur Lipari, la plus peuplée et la plus fertile des îles Eoliennes. En fin de matinée, nous sommes au vieux port de la ville, amarrés entre 2 bateaux de pèche. Cette première nuit en mer nous a un peu fatigué malgré le temps calme, mais cela ne fait rien, le soleil nous incite à débarquer et à aller visiter la ville. D'ailleurs Gibé nous y pousse car lui il a bien dormi et il est en pleine forme ! Nous grimpons pour aller voir la forteresse et le magnifique parc ou les arbres sont en fleurs. De la haut, le panorama sur l'archipel vaut le coup d'œil et la prise de nombreuses photos.

Le lendemain nous mettons le cap sur Vulcano. Il fait toujours un grand beau temps. Il y a moins de 4 milles à parcourir et nous mouillons dans la petite anse de Porto di Levante ou il y a déjà un bateau français.

Au fond de la baie s'étend une petite plage de sable noir et derrière, commencent les pentes abruptes du volcan. Du bateau nous voyons les fumées qui se dégagent de bouches béantes et l'odeur de souffre nous remplit les narines. Au début ce n'est pas très agréable l'odeur d'œuf pourri mais on s'y habitue. Après avoir échangé quelques mots avec les français qui nous conseillent l'escalade de volcan, nous préparons un picnic, nous mettons le zodiac à l'eau et en route pour l'aventure...

Le petit bonhomme (Gibé a 3 ans) est heureux comme un fou car il y avait longtemps que nous n'étions pas monté sur une "montagne". Il a déjà préparé son petit sac à dos et mis sa casquette. Il nous a étonné par sa résistance, Il nous a fallu deux heures pour arriver au sommet (altitude 390 m), jamais il n'a demandé à ce qu'on le porte, pourtant c'était dur par moment.

Au terme de l'escalade devenue assez raide, nous sommes arrêtés net sur un apique. Encore une fois, de la haut la vue sur l'archipel est magnifique. Devant nous, à deux mètres, la pente descend dans les profondeurs d'un immense cratère. Le spectacle est impressionnant. De grandes parties de roche sont de couleur jaune citron, c'est de là que s'élèvent les fumées sulfureuses.

Nous savons que le volcan est endormi mais la vue de ces fumerolles et une pensée aux soubresauts de l'Etna que nous voyons d'ici, nous forcent à imaginer ce que serait une irruption pendant que nous foulons du pied ce paysage lunaire. Avant de redescendre, nous faisons le tour du cratère et nous remplissons nos poches de petits morceaux de souffre, de basalte et de bombes volcaniques.

De retour à bord, nous enfilons nos maillots de bain pour un plongeon réconfortant dans la mer. L'eau est encore très froide en ce début avril. Nous rejoignons donc rapidement le bord de la plage ... l'eau qui prend une couleur blanche semble en ébullition. En effet à cet endroit, le sol est percé comme un fromage de gruyère et laisse échapper du gaz et des fumées sulfureuses. Parfois l'eau chauffée par le gaz est si brûlante qu'on ne peut y laisser la main. Jean-Baptiste qui voulait tenter une expérience, s'est brûlé les fesses!

Mais le plus étonnant se trouve à 20 mètres de la plage: C'est une marre boueuse qui semble aussi en ébullition. Cela nous fait penser à une immense compote de pomme qui, en cuisant, laisse échapper des bulles d'air. Au milieu de cette mare, nous voyons des sortes de rochers, mais en approchant, ces formes se révèlent et nous découvrons des êtres humains enduis de boue séchée. De la tête, on aperçoit que les yeux qui s'animent dans notre direction. Sur les bords de la mare, des corps séchés sont tout croûteux. De temps à autre, une de ces bêtes humaines se lève pour aller se rincer dans la mer toute proche. Il parait que ces bains de boue sont excellents pour combattre la cellulite, les lumbagos, les rides, les peaux grasses, l'asthme, les allergies. Par contre, cela aurait des effets néfastes sur la vigueur future du sexe des petits garçons pubères. Alors Gibé nous regardera avec envie en restant sagement assis sur le bord de la mare quand nous irons, nous aussi, nous transformer en statue de pierre.

 

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