Entretien du mat et du gréement, vérifications:
Vous avez démâté votre voilier pour mettre le bateau à terre un moment ou pour remonter des cours d'eau intérieurs. C'est le moment de passer en revue tout le gréement courant et dormant pour  une inspection générale et une remise en état de tout ce qui est douteux. Il faut garder à l'esprit que le mât porte la voilure qui reste le principal moteur de nos voiliers. Nous devons y porter autant de soin qu'à notre diésel.

Les drisses:

Nous parlons principalement des drisses modernes qui, avec les matières actuelles sont le plus souvent réalisées entièrement en textile pré-étiré.
Les drisses ont leur point d'usure principal au niveau du portage sur la poulie quand la voile est hissée. 
Le truc d'inverser le sens de la drisse permet de déplacer ces points de portage. De plus la partie qui est habituellement à l'intérieur du mat ( à l'abri des UV) se trouve maintenant à l'extérieur. Toute la longueur subit donc les agressions de façon équitable. Quand on a déjà inversé les drisses il y a un deuxième truc pour déplacer le point de portage : Couper 15 cm de drisse coté voile. A cet effet nous avons prévu des drisses plus longues de 2 mètres ce qui nous donne de la marge pour en couper régulièrement  les extrémités (tous les ans quand on est en navigation permanente).

Si les drisses sont restées un moment inutilisées, elles se sont raidies en s'imprégnant de mousse ou de poussière. On peut les passer à la machine à laver avec un bon savon et un peu d'eau de javel (l'assouplissant n'est pas indispensable). Certains utilisent également, le jet puissant du Karcher. (*)

On en profite pour inspecter la drisse, en particulier les points de portage et les extrémités. Si nécessaire, refaire les surliures ou les épissures qui se seraient abîmées.

 

Usure des haubans :

Les principaux endroits à surveiller sur un hauban ce sont les sertissages... Voir l'article sur les embouts de haubans. Quand on regarde à la loupe, si on remarque des fissures qui apparaissent le long du sertissage, il n'y a pas d'hésitation, le hauban est à changer. On peut vérifier facilement les sertissages coté pont il n'en est pas de même coté mat, alors il faut profiter que le mat est horizontal pour regarder attentivement les sertissages du haut.
Si vous devez ranger les câbles, il faut prendre soin de bien les lover sans générer de coques ou de pliures. pour cela vous savez qu'on fait alternativement une boucle dans un sens puis dans l'autre.   Le monotoron réclame une boucle plus grande (au moins 1 mètre de diamètre pour du 10) que le câble souple.

Le deuxième point qui démontre une faiblesse du câble est le "gendarme". C'est un fil qui se rompt, ressort du câble, et devient une aiguille tranchante blessant les mains et déchirant les voiles. C'est beaucoup plus fréquent avec du câble souple qu'avec le monotoron. Par contre ça affaiblit moins le câble souple que le monotoron car un fil rompu représente alors une partie moins importante du diamètre total du câble.
Nous avons eu quelques gendarmes sur nos haubans en câble souple. Ceux ci étant largement dimensionnés, cela ne nous pose pas de problème métaphysique. Il faut cependant éliminer le gendarme.

Voir la méthode pour résorber un gendarme dans l'article sur les points à vérifier avant le départ pour une grande traversée.

Si ce n'est déjà fait, il faut mettre de la gaine lisse pour amortir le coté agressif du câble sur les voiles qui ne manquent pas de s'y frotter. Sur Banik nous en avons mis sur les fausses bastaques, les bas haubans arrières et sur les haubans jusqu'à la première barre de flèche.

  Ridoirs haubans cosses
Notez le transfilage en inox reliant les deux ridoirs pour les empêcher de se desserrer.
   

 

Les ridoirs :

Les démonter les nettoyer au gasoil ou au white spirit et  les graisser. J 'ai essayé une fois de les graisser à la graisse contenant du silicone. Ca n'a pas été une bonne expérience. Les ridoirs sont devenus très difficile à serrer. Ca ne semble pas être une graisse efficace pour les pièces qui entrent  en frottement avec des efforts importants comme une vis de ridoir qu'on serre à fond pour tendre le hauban. J'ai tout re-nettoyé, et j'ai passé une autre graisse, celle que j'avais sous la main, dans une boite en fer : de la graisse pour winch. Le résultat est surprenant. ça va beaucoup mieux à serrer.

Le ridoir est équipé de deux écrous qui permettent de le bloquer ou bien on passe une goupille dans le filetage ... ce qui est sur : il faut un moyen de blocage car sinon ils se desserrent immanquablement avec les vibrations du gréement.

Pendant qu'on y est ,Vérifier toutes les goupilles de tous les axes.

Vérifier que les axes ne soient pas marqués anormalement d'un coté plus que de l'autre. Dans ce cas ça veut dire que le câble ne tire pas dans l'axe. La solution est de rajouter un cardan si le câble est assez court pour cela.

 

Le vit de mulet et les embouts de bome:

Le vit de mulet est une pièce essentielle qui subit des efforts importants. Comment le vit de mulet est il fixé sur le mat ? n'y a t'il pas d'usure au niveau de l'articulation ? Il faut également regarder le mode de fixation de l'embout de bome qui est souvent maintenu par quelques rivets. Si ça prend du jeu, il faut retirer les anciens rivets et en remettre d'autres. Beaucoup d'embout de bome sont équipés de taquets coinceurs à excentrique. Au bout de six mois nos taquets coinceurs portaient effectivement bien leur nom car ils étaient tous coincés en position ouverte. Pour les fermer il fallait un petit maillet. Le dégrippant s'est révélé inefficace pour faire tourner un coinceur en alu sur un axe en inox. Nous avons résolu le problème en retirant l'axe (la encore il a fallu le maillet) et en reperçant le trou de chaque coinceur avec un foret de deux millimètres plus gros.  Le jeu important à résolu le problème.

A l'autre bout de bome on fixe la balancine de grand voile. Le meilleur moyen est de le faire à l'aide d'un noeud de chaise. Certain mettent une manille ou un mousqueton mais ce n'est pas une bonne idée car, quand on mollit la balancine, la manille cliquette sur sa fixation et c'est très désagréable.

 

Les barres de flèches:

La fixation sur le mat est articulée ou pas. Vérifier si rien ne se dévisse ou ne se desserre. En bout de barre de flèche il y a un système de serrage sur le hauban. Ca permet de maintenir la barre de flèche avec une légère angulation vers le haut qui correspond dans l'idéal à la bissectrice de l'angle formé par le hauban.  Cette fixation doit être ferme car le hauban ne doit surtout pas s'en échapper. De plus, sur un voilier de bonne taille on n'hésite pas à monter debout sur les barres de flèche. (Ne serait ce que pour profiter d'un excellent poste d'observation sur le premier étage). Les extrémités des barres de flèches sont souvent très agressives pour les voiles qui s'y frottent. Les génois au près et les GV au portant. Il est indispensable de les protéger avec un  fourrage de l'extrémité de la barre. On vend des coque en PVC dans les magasins spécialisés mais nous avons toujours réalisé nos protections avec des bandelettes de toile à bâche soigneusement enroulées et maintenues par une ligature.

 

Les gorges de ralingue :

La gorge de ralingue sur la bome est  facile à inspecter et à nettoyer (nous avons du le faire après des jours de vent transportant le sable du désert aux îles du Cap Vert). La gorge de ralingue de grand voile sur le mat est plus difficile à atteindre sur toute la hauteur du mat. Il faut donc profiter de l'avoir à l'horizontal pour le nettoyer à l'alcool. Ca aide pour que la grand voile descende bien toute seule quand on lâche la drisse.

 

Le câblage électrique  :

Refaire les connexions du câblage électrique des feux de routes et changer les ampoules qui seraient vieilles, c'est plus facile à faire qu'en haut du mat...

Utiliser une boite de dérivation pour les connections et fermer tous les passages de câbles dans la boite avec du joint mastic.

Attention à l'oxydation
entre les pièces en aluminium et celles en inox
Sur le mat de Banik, j'ai du couper 2 cm de tube de mât, au pied, parce que j'avais fabriqué une belle emplanture en inox. pendant la construction, j'avais beaucoup de chutes d'inox, en une heure et pour 0 francs (c'était encore des francs à l'époque), je me suis fais une belle emplanture. Cela me paraissait simple et évident financièrement. Mauvais calcul, car 3 ans après, j'ai du faire faire une emplanture en fonderie d'aluminium pour rattraper l'épaisseur que j'avais coupée.

 

L'enrouleur de génois :

Les enrouleurs de bonne marque ne nécessitent pas un très gros entretien. Il n'est pas inutile cependant de passer un chiffon imbibé d'alcool tout le long des tubes ce qui permet de décoller et d'enlever les salissures et de préserver ainsi les voiles. On en profitera pour vérifier les rivets ou les vis (suivant les marques) qui assemblent les tubes. Remplacer les rivets partis ou qui ont pris du jeu. Resserrer les vis qui dépassent au risque de partir complètement ou d'abimer le foc. En principe ou ne démonte pas les différentes pièces d'un enrouleur et les vis en inox ont le loisir de s'oxyder dans l'alu les rendant indémontables. Lorsque nous déposons l'enrouleur (ce qui est rare mais c'est arrivé quatre fois pour prendre des canaux)  nous enlevons le tambour et nous démontons la jonction de tube à mi hauteur ainsi que celle du bas. Ca permet de tirer la partie basse de deux mètres et de la replier sur la partie haute en réalisant une large boucle avec l'étai. c'est quand même plus pratique à transporter et ça ne dépasse pas du mat. (l'enrouleur est plus long que le mat). Quand le mat est par terre ça peut être une bonne habitude de démonter au moins ces deux jonctions  (même si on n'a pas l'intention de démonter l'ensemble) juste pour faire en sorte que ça reste démontable. Ne placer pas un sac en plastique autour du tambour lors d'un hivernage. Ca condense, ça garde l'humidité et ça s'oxyde... il vaut mieux le laisser au grand air ça résiste à la pluie et ça sèche quand il y a du soleil.

Lors d'un hivernage à poste, faite tourner l'enrouleur à la main chaque fois que vous passez à coté, ça évite les collages et grippages.

Si vos roulements sont cuits et que vous possédez un Profurl, vous pouvez les changer à moindre frais. Nous l'avons fait en trouvant les pièces dans un magasin d'outillage en Malaisie. C'est très standard partout dans le monde. Pour réaliser le montage et le démontage nous avons suivi les très bons conseils de Fabrice trouvés à l'adresse suivante:
http://wandering.chionis.over-blog.com/pages/Changer_le_roulement_dun_enrouleur-1643895.html

Et si vous ne démâter jamais, il n'est pas interdit de monter régulièrement au mat pour faire une inspection minutieuse. Je le fais systématiquement avant chaque grande traversée (trajet d'au moins une semaine) car un petit quelque chose qui ne va plus ne pourra alors pas attendre d'arriver au port pour être réparé et c'est là qu'on prend des risques... Monter en tête de mat en pleine mer ça n'a rien à voir par rapport à la même opération faites à l'arrêt.   

Voir les points à vérifier avant le départ pour une grande traversée.

 

(*)   Marc souhaite faire une remarque qui est sans doute bien fondée... Attention donc !

Bonjour, je suis un fidèle de votre site, que je parcours toujours avec un grand intérêt. Mais dans votre article du 16/12 sur l'entretien du mat et du gréement, une phrase m'a fait bondir: "Certain utilisent avec efficacité également, le jet puissant du Karcher". 
Cette méthode de nettoyage est à proscrire, j'irai même jusqu'à dire interdire: 
Les fabricants de cordes d'alpinisme se sont rendu compte que cette méthode faisait rentrer les poussières de minéraux dans la fibre des dites cordes, provoquant une usure prématurée. 
Heureusement à ce jour il n'y a pas eu, à ma connaissance, d'accidents. Cette mise en garde est valable pour tout type de cordage. 

Cordialement, Marc. (Morlaix)

Merci pour votre intervention, Marc, on apprend tous les jours !

 

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