Réponses aux questions:

 

Prendre un ris dans la grand voile par vent fort de l'arrière et grosse mer

Bonjour, 

Pourriez vous expliquer dans le détail votre façon de prendre des ris dans la grand voile avec fort vent arrière et grosse mer car il y a beaucoup de polémiques sur ce sujet sur un forum...

Bien cordialement.

Philippe.   fc3xxxx@xxxxx.be

 

Bonjour Philippe, 

Prendre un ris vent arrière par fort vent dans la grosse mer ! C’est ça votre question ?

Et bien je dois dire que ça ne m’est pas arrivé souvent. Pourtant 70 % du temps de navigation lors d’un tour du monde classique dans le sens du vent sous les tropiques se passe au portant et avec souvent 20 nœuds de vent. Lors de ma première transatlantique en 1991 je m’étais bien rendu compte de la difficulté de gérer la grand voile sur de longues traversées avec un vent portant soutenu, variable en direction ce qui oblige à faire plusieurs empannages par jour. Et en plus,  il y a les manœuvres de réduction dans les grains… J’ai donc très vite décidé d’installer deux génois sur enrouleur.
Voir les détails du concept et sa réalisation
 

Depuis je ne porte que très rarement la GV au portant, elle peut même rester sous son taud durant tout un océan. Mais évidemment il m’est arrivé de me faire surprendre avec la grand voile haute. En équipage réduit au large, on ne voit pas toujours un grain arriver et quand on sort précipitamment, alerté par les bruits, l’accélération du bateau, le vent… C’est qu’il est quasiment là. Il n’est pas rare que le vent tourne dans le même temps. Sous régulateur d’allure le bateau changeait son cap et suivait le vent. Maintenant les pilotes hydrauliques sont tyranniques et obligent le voilier à garder son cap. On peut passer d’un coup du bon plein au portant ou l’inverse.
Quand un voilier est lourd et qu’il commence donc à être bien toilé, les forces en action dépassent largement celles du gars qui doit aller affaler.  Voir les caractéristiques de Banik

  Deux génois tangonnés et réduits
Force 6:  Petit contrôle de nuit au niveau du mat pour vérifier que tout est en ordre avec les deux génois tangonés et enroulés à moitié de leur surface.

Si c’est violent, ça craint un peu de remonter trop au vent.
Pour aller vite sans trop changer de cap, si je suis vent arrière par exemple, je modifie de 40° le cap du  pilote, ca contrôle alors le problème de l’empannage toujours dangereux, je borde la grand voile qui commence à faséyer puisque le bateau remonte au vent, je borde au maximum avec mes petits bras sans prendre le temps de finir au winch, je donne aussi quelques tours au winch d’écoute de foc, puis je file au mat pour lâcher la drisse de GV. A ce moment la voile s’écarte, se plaque sur le mat, une latte peut passer derrière un hauban, ca fasèye, ca rague et je n’aime pas cela. Si j’essaye d’affaler en tirant sur le guindant c’est impossible à moins d’utiliser une bosse de point d’amure qui revient au winch… Mais après il y a de la couture à faire.
Pour faire descendre la grand voile, le plus efficace que j’ai trouvé est de me placer vers le bout de la bôme (qui est relativement bordée donc je peux m’appuyer dessus) et j’attrape les deux brins de la bosse de ris à laquelle je me « suspends » (les deux brins j’entends : prendre ensemble la partie qui monte à l’anneau de ris et celle qui redescend de l’autre coté de la voile. Ca devient  alors un cordage fixe et non plus coulissant dans l’anneau). La grand voile tirée par sa chute (le coté qu’on appelle chute) descend bien plus facilement car j’arrive par saccades à l’écarter du mat et du gréement. OK c’est un peu physique  mais on n’a pas souvent l’occasion de se dépenser en navigation hauturière par les alizés.

Prendre un ris dans la grand voile

Dans ces cas de manœuvres difficiles (et je le répète rares) en général je ne m’amuse pas à prendre des ris. Dans la foulée, j’attrape la deuxième bosse, puis la troisième et j’affale tout. Banik se comporte très bien au portant sous foc seul surtout s’il y a beaucoup de vent. Tiré par le nez, il est plus stable sur sa route et on ne va pas moins vite.
Une fois revenu dans le cockpit,  j’analyse la situation. Est-ce passager ?  Vais-je  changer de cap ? Tangoner le deuxième génois ?    etc.

En conclusion. Dans le petit temps ca se fait très bien de la même manière, mais par vent fort et grosse mer c’est une manœuvre que l’équipage et le matériel n’aime pas trop.

 Jean-Baptiste sur le voilier Banik

 

 

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