Banik est un dériveur lesté équipé de dérives arrières:

 

En plus de sa dérive centrale, Banik possède maintenant deux dérives arrières. Au départ il n'y avait pas de dérives arrières; pourtant j'étais déjà convaincu du système car sur le premier Banik, qui était un Trismus, nous avions une dérive arrière. J'ai eu le tord de ne pas construire ces dérives dès le départ: Je ne voyais pas comment installer une dérive dans l'axe de la quille (comme sur le Trismus) les formes de Banik ne s'y prêtent pas, l'aileron de safran ne laisse pas la place... Je n'avais pas encore vu le système des doubles dérives latérales ...

 

Pourquoi les dérives arrières ?

Les dérives arrières ne sont pas d'origine. Elles ont été construites après plusieurs années de navigation (dont trois transat), des heures d'observation dans les ports, de discussions avec les rares propriétaires de voiliers équipés de la sorte...

Il fallait faire quelque chose car la configuration de l'époque (pas de dérives arrières et pilote électrique petit modèle) ne permettait pas de faire naviguer correctement Banik au dessus de force 5 sans prendre la barre.
Nous avons entrepris de modifier l'arrière de Banik en prolongeant les tôles de bouchain. Cela nous a réclamé une semaine de travail et nous a procuré pleins d'avantages:

Les avantages :   La jupe, si pratique, a doublé de surface, nous avons pu y installer deux coffres extérieurs à la coque pour les produits dangereux et les masques palmes tuba etc..  La jupe, qui auparavant était souvent une grosse bassine pleine d'eau est devenu un grand caisson de flottabilité étanche qui compense le poids du portique et des bossoirs que nous avons rajouté dans la foulée...
Et surtout, nous avons intégré dans la jupe deux puits de dérive qui reçoivent des dérives sabres...

Le comportement du voilier est transformé. Avec les dérives arrières on peut maintenant laisser la toile normale. Au portant, Banik s'éclate dans des surfs incroyables. Plus près du vent, on tient la barre avec deux doigts: Le pilote ne se met plus en grève... On se demande aujourd'hui comment avons nous fait pour nous en passer pendant tout ce temps ? Plus une grande traversée sans que les dérives ne soient, dès le départ, installées dans la jupe.

 

Réalisation des dérives arrières, concept :

Banik est en acier, sa jupe aussi. les frottements des dérives ne peuvent pas se faire directement sur l'acier. La peinture ne durerait pas longtemps. Deux solutions étaient envisageables: Mettre des patins en matière synthétique ou faire un deuxième puit en polyester (ou autre) qui viendrait à l'intérieur du puit en acier pour le protéger en l'habillant. Comme lors des travaux dans la jupe, mes idées n'étaient pas encore arrêtées, j'ai construit des puits en acier, larges de 10 centimètres en me disant que je verrai bien par la suite ce que je mettrai dedans. Une fois Banik à l'eau j'ai fait quelques essais en coinçant des bouts de contreplaqué dans les puits de la jupe. Avant de construire les puits et les dérives définitifs, il fallait définir l'angle de la dérive, sa surface, etc. .. Ces essais étaient très difficiles à réaliser parce que le système n'était pas en place. J'ai cependant compris que les efforts sur les dérives et sur les puits sont considérables. Une dérive d'Optimist que j'ai glissé à fond dans le puit s'est brisé en deux au bout de 3 secondes.

C'est à Trinidad, que j'ai trouvé le temps, la structure et le courage de réaliser l'équipement actuel: Il faut dire que les 5 derniers jours très ventés de la transat précédente avait été une sérieuse motivation pour mettre enfin en place le système définitif. 

J'ai construit des puits en contreplaqué de 15 millimètres qui s'emboîtent dans les puits en acier en laissant un espace de 3 à 4 millimètres tout le tour. Puis j'ai stratifié l'intérieur et l'extérieur de ces boites en bois avec de la fibre de verre et de la résine polyester. Après quelques ponçages ces nouveaux puits viennent s'encastrer tout juste dans les puits en acier. Ils restent en place grâce à deux boulons (qu'on voit sur la photo) fixés sur une patte en inox soudée sur la partie verticale des coffres de jupe. Les dérives sont réalisées suivant la même technique d'un sandwich de contreplaqué enrobé par un stratifié en polyester. Avant de stratifier. j'ai d'abord collé trois épaisseurs de contreplaqué de 15 millimètres, puis, à l'aide d'une ponceuse, il a fallu profiler cette épaisse planche pour lui donner un semblant de forme hydrodynamique. Le résultat est très satisfaisant: solidité à toute épreuve.

 Les dimensions: Sur la photo ci dessous il y a les cotes de nos dérives. (c'est marqué en mm ce qui est complètement inutile, on n'est pas au mm près mais ça fait plus pro...) Vous pouvez vous en inspirez en vous rapprochant aussi des caractéristiques générales de Banik.
Les puits de dérive, insérés dans la jupe ont une hauteur moyenne de 350 mm.


Il est vrai que l'idéal est un profil Naca ?!? ou un truc du genre comme l'explique Francesco de Pascale dans son témoignages ci dessous....
Nous n'avons pas particulièrement peaufiner le bord d'attaque qui est juste arrondi et le bord de fuite qui est juste aminci... Je ne pense pas que ça change grand chose sur Banik qui est plus un 4x4 de la mer qu'une formule 1.

   

Les dérives arrières sont de type sabre. C'est à dire qu'elles montent et descendent dans leur puit comme le fait un sabre dans son fourreau. La dérive centrale, elle, est pivotante autour d'un axe, ce qui lui permet de remonter toute seule en cas de choc sur le fond. Pour les dérives arrières ce n'est pas un inconvénient car on ne les met qu'en eau profonde et si on rencontre un objet au large, c'est probablement la quille qui touchera en premier. Un cordage est fixé sur le dessus de la dérive, il passe ensuite dans une poulie manillée en hauteur sur le portique puis redescend dans une poulie fixée sur le plancher de la jupe et remonte au dessus de la dérive. Cela forme un va et vient qui permet de monter ou descendre la dérive sans aller dans la jupe. 

Pour bloquer la dérive à n'importe qu'elle position ou noue un petit cordage qui solidarise les deux brins du va et vient. C'est simple, il est impossible que cela tombe en panne, tout fonctionne avec des bouts de ficelles qu'il est facile de remplacer.


Pourquoi deux dérives ?
Une seule placée dans l'axe est suffisante et plus facile à réaliser si l'idée existait dès la conception du bateau. Comme pour le Trismus. Sur ce Banik ci, il n'y avait pas la place d'en installer une devant le safran. Il fallait donc la mettre derrière. C'est une des raisons pour avoir rallongé la jupe. Mais une dérive en plein milieu aurait gêné le safran. Il fallait donc en installer deux latérales. La dérive tribord est abaissée quand le voilier gîte sur tribord. Même chose sur bâbord avec l'autre dérive.
 

De quels angles sont affectées les dérives ? 

Un angle par rapport à la verticale :    Comme on utilise soit l'une, soit l'autre dérive, nous avons donné un angle aux puits de dérive. Un angle d'environ 20°. La dérive descend en biais mais quand le bateau à un angle de gîte de 20°, la dérive est verticale dans l'eau et son efficacité est maximum.

Un angle par rapport à l'axe longitudinal du bateau.     Nous avons donné un autre angle aux puits de dérive. Et c'est celui là qui est le plus important. Le but de ces dérives est de compenser l'ardeur du voilier. Les dérives doivent donc agir comme un safran qui est orienté pour faire abattre le bateau. Nous avons donc donné un angle de par rapport à l'axe longitudinal du bateau. C'est l'avant des puits qui est tourné vers l'intérieur. Pourquoi de 7° ? C'est empirique, Je l'ai décidé à partir des bricolages lors des essais...
Imaginons: Nous sommes vent de travers, bâbord amure, le voilier gîte sur tribord, tout est parfaitement équilibré ... Le vent forcit un peu, Banik accélère, le pilote n'arrive plus à empêcher les auloffées. C'est la que l'on descend la dérive tribord, doucement, pas entièrement, en regardant les réactions...  Banik abat, le pilote reprend le contrôle. Sans la dérive on aurait du choquer la grand voile ou la réduire... On a  donc gagné plus d'un nœud au speedo.  Si cela forcit encore un peu, il suffit de baisser encore un peu de dérive sous le vent.
Il y a eu une petite polémique sur ces 7°. C'est un faux débat car la surface de la dérive que l'on met dans l'eau est réglable. On plonge ce qui est nécessaire pour rendre le bateau neutre. Si on met moins d'angle on devra plonger plus de surface de dérive, si on met plus d'angle on en plonge moins, ce qui compte c'est de rendre la barre neutre.
 

A quelles allures utilise t-on les dérives arrières ?

On peut les utiliser à toutes les allures. On a vu ci-dessus un exemple typique vent de travers mais au près aussi on peut mettre un peu de dérive sous le vent  pour parfaire le réglage d'une allure ou en principe le voilier s'équilibre bien.

Au vent arrière. C'est une allure ou tous les bateaux font preuve d'une relative instabilité. On ne peut pas descendre une des dérives car avec son petit angle elle ferait tourner le voilier. On descend alors les deux, de la même hauteur. Cela doit freiner un peu c'est sur, mais le bateau qui est tenu fermement par le cul se trouve comme sur des rails et on n'hésite pas à le toiler.

En définitive question vitesse on est gagnant et le pilote reste de bonne humeur même quand Banik dégringole les vagues à plus de 10 nœuds. (Ça n'arrive pas souvent heureusement).
 

L'intérêt des dérives arrières est de stabiliser le bateau sous voile, de permettre au voilier de naviguer avec le minimum d'angle de barre et de rendre celle ci la plus douce possible. Avec une barre neutre le pilote a beaucoup moins d'efforts à fournir.

Le système actuel  fonctionne pendant 80 % des périodes de navigation.
Dans le mauvais temps, même si le voilier est bien stabilisé et équilibré, la force à mettre sur la barre et surtout la vitesse de réaction dépassent les capacités du pilote qui est prévu, nous le rappelons, pour un bateau plus petit.

2008: Après avoir testé pendant 2 ans un régulateur d'allure, Ce problème a été résolu avec l'installation d'un pilote sur vérin hydraulique qui donne toute satisfaction par tous types de temps. Mais comme il consomme plus de courant électrique, nous lui facilitons le travail (et il mange donc moins) avec les dérives arrières. Nous gardons le petit pilote en secours et il aura besoin des dérives arrières si on l'utilise.

Voir toute l'évolution dans nos choix... Mais les dérives arrières resterons

 

Témoignages :

Le  témoignage d' Alexandre de Roquefeuille sur le voilier Horus
Salut Banik, premiers essais concluants sur Horus, dérives implantées dans la jupe, dans l'axe du bateau, pente de 15° vers l'arrière et 15°d'inclinaison par rapport à la verticale. Ça calme le bateau au prés, et permet de rester dix minutes sous spi sans toucher la barre. Les dérives ne sont immergées qu'a partir de 6 nœuds environ, en deçà la vague ne monte pas sous la voûte, donc pas de traînée aux petites allures.
Je n'ai pas réussi à me décider pour un éventuel angle longitudinal, mais ça a l'air d'aller tel quel, dans l'axe.
Les dérives sont des safrans de dériveur en CP de 20mm, retaillés, renforcés en périphérie par une légère strat époxy. La partie immergé fait environ 200 par 450 mm Les puits sont en cp marine stratifié époxy au tableau et à la jupe, avec un "barrotage" reprenant les efforts latéraux sous le plancher de la jupe.
A+
Alex /Horus

    

 

Le témoignage de Francesco de Pascale

Bravo pour votre site trouvé en cherchant un moyen de combiner qualités des voiles d'avant et facilité de manœuvre. Votre système à double enrouleur est une piste qui me semble vraiment intéressante. 
Au passage une petite remarque sur les dérives arrière et leur angulation à 7° de l'axe. Un profil symétrique type "goutte d'eau" a son maximum de "portance" (juste avant décrochage) vers les 15-18° d'incidence. Son meilleur rapport portance/traînée se situe autour de 4-6°. Un profil plus simple (spécialement s'il est plus pincé au bord d'attaque) décrochera à un angle plus faible (12-14°). Dans ce contexte, un angle de 7° me semble élevé car déjà un peu supérieur à l'angle "optimum" (=> traînée un peu élevée) et trop proche de l'angle de décrochage où la dérive perd de son pouvoir directeur (=> marge de contrôle étroite). Mais cela reste de la théorie. Si, en pratique, vous n'avez pas constaté de phénomène de décrochage des dérives, alors c'est vous qui avez raison. Francesco de Pascale

10 septembre 2003 :     Bonjour "Banik"

Dans mon précédent mail, je m'interrogeais sur la pertinence de l'angulation à 7° des dérives arrières. Eh bien, Jean-Luc Van Den Heede vous donne raison à 100% car il a réalisé un montage pratiquement identique au vôtre sur Adrien, le bateau qu'il prépare pour son tour du monde "à l'envers". Voici ce qu'il dit sur son site:

Pourquoi avoir installé des dérives arrières sur le bateau ?
Jusqu'à maintenant Adrien se montrait très "ardent" lorsqu'on allait vite au vent de travers. ("ardent" signifie qu'il avait tendance à remonter dans le lit du vent)
Pour l'empêcher de changer sa route, j'étais obligé de donner un gros angle de barre, ce qui fatiguait le barreur ou les pilotes automatiques.
Pour pallier à cet inconvénient, j'étais obligé de limiter la vitesse en réduisant la voilure pour que les pilotes automatiques puissent continuer à barrer. Ce n'était pas d'une grande logique sur un voilier de compétition.
Désormais je descendrai la dérive sous le vent. Elle est angulée de 6° par rapport à l'axe du bateau. Plus Adrien sera "ardent", plus je descendrai la dérive. Cela devrait beaucoup soulager le gouvernail principal qui continuera à diriger le bateau avec plus de facilité qu'auparavant. (voir http://www.vdh.fr/le_bateau/caracteristique.htm).

Sans commentaire...

Encore bravo pour votre site où, dès que j'en ai l'occasion, je viens y faire un petit tour (du monde).

Francesco de Pascale

 

Les petits coucous sympathiques de Jean Luc Van Den Heede

Jean Luc Van den Heede [jeanluc.vdh@] Date: ven. 24/06/2005 19:20
À: Contact BANIK
Cc: 
Objet: Bonjour
Pièces jointes : 

Petit coucou de Jean Luc VAN DEN HEEDE qui trouve votre site très très bien!
Le mien est moins pratique pour les mouillages mais sert surtout aux fans!!
www.vdh.fr

Bravo et bon vent

JL VDH

 


Si nos routes se croisent je serai ravi de partager le verre de l'amitié à bord de BANIK .... puis d'ADRIEN 2 !!!

Bon vent

JL VDH

 

Pour le fun

Le témoignage de Didier
Date d'envoi : lundi 8 juin 2009 18:52
À : Contact Banik
Objet : derives arrière

Bonjour Banik
Je relie très régulièrement tes infos pratiques mais il y en a une que je ne comprend pas et il y a bien longtemps que je la rumine; il s'agit de l'angle des puits de dérives arrières de 7°par rapport à l'axe longitudinal; tu dis que les puits sont orientés vers l'avant et vers la quille; Si le bateau est ardent le pilote" tire "la barre; Mais pour compenser cet effort tes dérives théoriquement poussent la barre compte tenu de leur orientation et l'angle de dérive apporte donc une compensation plus faible; D'ou ma question pourquoi les puits ne sont ils pas orientés en s'écartant vers l'avant au lieu de se rapprocher. Merci pour tes explications
Didier le béotien

Bonjour Didier

La dérive tribord est orientée de la même façon que l’est un safran quand on tire vers bâbord sur une barre franche. Ca fait donc tourner le bateau vers tribord. Comme on met cette dérive quand on est bâbord amure, ca fait donc abattre le bateau. Avec la dérive bâbord c’est l’inverse.

Bonne cogitations

Amitiés

JB

 

Voir l'article  sur :   La dérive centrale

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