Nous allons bientôt quitter Tanna mais avant cela nous avons une visite incontournable à faire. Nous allons saluer le Dieu Yasur chez lui. Maintenant que nous avons été présenté (voir le cahier 112) nous imaginions que nous pouvions nous permettre la familiarité de regarder le puissant volcan dans les yeux. Nous avons failli payer cher notre impudence (sans r)
Quelques mots sur le Yasur: Puisque nous avons été présenté maintenant, nous n'avons plus qu'une envie, c'est d'aller le voir de près le sacré Yasur. Nous organisons avec le frère de Myriam une excursion en 4x4 vers le sommet du plus accessible au monde des volcans très actifs. On va enfin approcher du dieu Volcan.
Le cône du Yasur est installé dans la petite caldera de Yenkahe où la tectonique est particulièrement active. La datation de coraux prélevés à différentes altitudes a permis de déterminer le soulèvement particulièrement important de la zone qui est de 150 mètres en 1000 ans. Quand James Cook est venu à Tanna, il a rencontré les habitants qui vivaient sur le bord de la plage. Depuis, les mouvements du sol ont soulevé le village de Port Résolution (nom donné par Cook en hommage à son navire) de plus 20 mètres au dessus du niveau de la mer. Le yacht club aménagé par les villageois ( peut-être une idée de Cook, pourquoi pas ?) domine aujourd'hui la baie du haut de sa petite falaise.
L'altitude actuelle du volcan est de 365 mètres . C'est donc une colline moyenne plutôt qu'une montagne. mais elle ne cesse d'augmenter suite aux rejets permanents de cendres et de bombes volcaniques. Des panaches de fumées très impressionnants excitent notre imagination et notre impatience.
Depuis
que l'on fait un suivi régulier
du volcan
on remarque que pendant les
phases d'activité importante de nombreuses bombes
volcaniques tombent en dehors du
cratère. En août 1999 des
bombes de plus d'un mètre sont tombées à plus
de 600 mètres à l'extérieur du
cratère. C'est à dire
qu'elles pourraient sans
problème aplatir les voitures
garées sur le parking. Mais nous
sommes au mois de mai 2010. Au
fait que dit le service de
surveillance de l'activité pour
cette période ? Nous n'en savons
rien mais le chef du village de Spring water, (le chef du
village de Catherine que nous
avons rencontrée dans le cahier
précédent) parle avec le dieu
volcan et le Yasur lui même nous
a écouté et nous a autorisé cette visite,
souvenez vous.
Il ne faut pas taquiner les dieux: On ne peut pas parler d'ascension pour la toute petite grimpette que nous faisons. Ce qui est extraordinaire c'est la facilité avec laquelle nous arrivons de suite au bord du cratère.
Je n'étais plus très sur
de mon chemin mais une chose était certaine il fallait descendre et
vite.
Braoum! Tout à coup le premier évent explose plus violemment que tout ce que l'on a vu depuis une heure. La poche de gaz qui remonte dans le conduit depuis le lac de magma à faible profondeur devait être plus importante que les autres. Le grondement du sol qui se gonfle fait place au sifflement du gaz qui s'échappe comme d'une cocote minute, à moins que ce ne soit les projectiles qui fendent l'air ? Nous nous tournons vers le deuxième évent. Nous avions remarqué que celui là pète une dizaine de seconde plus tard mais toujours plus violemment que le premier. La gerbe de feu monte poussant le nuage noir. Les bombes volcaniques incandescentes sortent à la vitesse de 200 mètres à la seconde et s'élèvent toujours plus haut. Normalement elles doivent s'arrêter et retomber dans le cratère. Mais le feu continu de sortir sans interruption les explosions se succèdent en augmentant leur cadence, les plus grosses bombes passent au dessus de nos têtes et on les entend retomber derrière nous.
Que faut il faire dans
ce cas là? Rappelle toi vite JB... On t'avait dit: Mais c'est ce qu'ils font les autres... au risque d'être fauché par malchance...
On t'avait dit: Je vous jure que c'est ce que j'ai fait, en criant à Anik de rester sur place aussi. J'ai regardé le ciel complètement bouché par la fumée. Je ne voyais rien, que le feu sortant du cratère en sifflant de colère. Tout à coup j'ai entendu ce bruit mat comme une noix de coco qui tombe de 20 mètres de haut dans le sable mou, Mais c'était plus gros qu'une noix de coco, ou bien c'est parce que ça venait de bien plus haut. J'ai senti dans mes jambes le violent impact sur le sol tout près derrière moi. A combien? 2 mètres, peut-être 3 mètres, tout près, tout près... Et je n'ai rien vu venir, et il y en aura surement d'autres... Comment les éviter si on ne les voit pas? Je me suis mis à crier: "Aller on dégage d'ici, à fond la caisse... Go, go, go.." je gueule ces trois mots en anglais car je ne sais pas s'il y a encore d'autres touristes alentours parmi ceux qui étaient avec nous. En fait tout le monde était déjà en train de courir depuis le début. J'étais le dernier, le plus bargeot de tous... Une fois hors de portée, il a fallu nous asseoir pour reprendre notre souffle et aussi parce que nos jambes flageolaient. Le chauffeur de la voiture qui était resté sur le parking, vient à notre rencontre. Il nous invite de façon assez insistante à prendre le chemin du retour. Nous ne résistons pas trop, groggy de réaliser que nous étions il y a quelques minutes sous une pluie de bombes volcaniques. On est là, on se parle, on rigole nerveusement, on s'embrasse... Tout aurait pu s'arrêter il y a quelques minutes pour l'un d'entre nous... Dans les années 1990, trois touristes ont été tués par la chute de bombes volcaniques. Il y a quelques années notre chauffeur a vu un touriste japonais perdre la vie, la cage thoracique transpercée.
Nous quittons Tanna après un séjour d'une semaine dans l'île et une visite mémorable au Yasur. Le temps est beau, le vent favorable, nous allons nous diriger vers l'île d'Efate et la Capitale de la République du Vanuatu: Port Vila. On ne peut pas s'empêcher de regarder en arrière. Le Yasur continu de noircir la plaine et son panache de fumée défie les nuages... Il nous a offert un moment inoubliable.
Pour voir une vidéo documentaire de quelques
minutes sur le volcan Yasur:
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