Cahier N° 114

 

 

Avec ses 1000 kilomètres carré, Efaté (ou Vaté) est une île importante de l'archipel du Vanuatu. Sa principale ville, Port Vila, est même la capitale officielle du pays. C'est là que nous avons atterri avec Banik car il fallait finir les formalités d'entrée commencées à Tanna.

 

 

Ile d'Efate, archipel du Vanuatu

(voir la carte générale du Vanuatu pour la situer)

 

Approche de Port Vila:

Nous avons quitté Tanna avec peu de vent mais il était annoncé un bon ENE soutenu. Nous avons donc fait route vers la cote Est d'Erromango. Le vent de travers s'est effectivement bien levé et en forcissant nous avions l'impression qu'il refusait. Il a fallu serrer un peu pour passer les pointes NE d'Erromango mais ensuite nous avons pu débrider et filer plein pot sur Efaté. La mer commençait à être bien formée quand nous sommes arrivés à la pointe Pango. .Nous avons mis 23 heures pour parcourir les 143 milles. Notre route a été à peine plus longue que celle prise par un autre voilier sous le vent d'Erromango mais en définitive nous avons mis moins de temps car ils se sont retrouvés un moment déventé par l'île avec une mer formée... Pas marrant.

La remonté vers Port Vila s'est faite  dans le calme de la grande baie de Mélé, mais au moteur pour éviter de tirer des bords contre un vent changeant à cause du relief.

 

Anik à la barre, notre amie Geneviève aide Jean-Baptiste a ferler la grand voile.
Devant nous, l'ouverture de la baie de Port Vila
dans le fond à l'Est de la baie Mélé. 

 

Nous avons dessiné, sur la carte ci dessous, en vert notre route probable (nous n'avons pas enregistré de trace) jusque dans la baie de Port Vila. Le mouillage principal se trouve au Nord de l'ile Ririki mais les fonds sont importants, plus de 20 mètres. Une petite zone avec des fonds d'environ 10 mètres est encombrée par les voiliers de passage 17°44,26'S - 168°18,59'E . la zone la mieux abritée se situe entre l'île Ririki et la cote  mais il y a très peu de place et le fond est de mauvaise tenue. Le club nautique loue des corps morts qui ont l'air de bonne qualité. Pour s'en approcher bien repérer le chenal qui contourne le haut fond au NE de Ririki. Aller voir en annexe avant éventuellement.


Banik (deuxième en partant de la gauche) au mouillage de Port Vila

 

Formalités:

A notre arrivée nous avions le pavillon jaune, mais nous étions déjà repéré. L'entrée officielle dans le pays s'est faite pour nous à Tanna mais il y a une formalité qu'ils ne pouvaient pas faire la bas c'est le contrôle sanitaire. Nous le savons car ils nous avaient prévenus.  C'est donc maintenant que nous voyons arriver un canot avec deux personnes. Après avoir vérifier que nous avons bien fait notre "check in"  à Tanna ils nous expliquent qu'il faut maintenant procéder au contrôle sanitaire. (the quarantine)
- Ok Messieurs, nous sommes à votre disposition que vous faut-il ?
- 3000 vatus (30 €)
- Ah bon c'est tout ?
- Oui, tout va bien, vous avez l'air en bonne santé... Au revoir !

  Comme nous avons acheté de l'alcool détaxé, il faut aller à la douane pour mettre les scellés sur le sac du marchand. Nous n'aurons pas le droit de le boire avant la sortie du pays. C'est au même endroit qu'il faudra signaler notre départ et avoir le permis de navigation qui nous permettra d'aller jusque Santo. J'y suis allé en annexe, c'est ce qui est le plus rapide. L'endroit se trouve au point marqué Tumow sur la carte ci dessus au Sud de la baie de Port Vila.

Visez le bâtiment marqué d'une flèche orange, il y a un petit débarcadère, ensuite demander où se trouvent les "customs"

 

 

Port Vila:

Ville cosmopolite de près de 40 000 personnes ou la majorité des gens est d'origine mélanésienne évidemment  mais où l'on sent bien les présences asiatiques ( vietnamienne et chinoise) et surtout européenne ( français et anglais) et de plus en plus de gens de Nouvelle Zélande et d'Australie. Le pays a une politique fiscale attractive et on trouve donc à Port Vila de nombreuses boutiques en Duty free sensée séduire les touristes. C'est vrai que nous en avons profité pour acheter quelques bouteilles de pastis et de rhum antillais de marques connus et française à des prix inimaginables en Nouvelle Calédonie (de l'ordre de 10 €) . C'est un bon endroit dans cette zone du Pacifique pour regarnir le bar du bord qui était devenu bien triste... Il faut bien un minimum pour recevoir correctement les amis n'est ce pas ? C'est aussi ici qu'il faut acheter de la viande de bœuf qui est excellente. Ca fait partie des exportations importantes du Vanuatu. et les bouchers de la ville ont l'habitude d'emballer les filets de façon spéciales pour que les visiteurs retournant en Nouvelle Calédonie, par exemple, puissent emmener leurs achats dans l'avion.
Il n'y a plus beaucoup de traces de l'ancienne ville coloniale hélas et on ne peut pas dire que Port Vila ait du "cachet avec ses nombreux immeubles de 2 à 4 étages. Le charme vient plutot des gens, du marché typique de cet air qui dit qu'il fait bon vivre ici...

Une voilerie flottante: Eric et Odile sur le voilier "Musique" pratiquent la voilerie autour du monde depuis plus de 25 ans. Ils ont collaboré avec des grands noms en métropole et en Polynésie française. Ils sont maintenant ancrés depuis plusieurs années à Port Vila et c'est bien pratique de savoir que l'on peut compter sur des professionnels dans ce pays ou les ressources et services autour de la plaisance sont très limités. Ceux sont eux qui construisent la maison dans un arbre... Voir plus bas...

Le voilier-voilerie "Musique" navigue chaque année vers la Nouvelle Calédonie et revient à son port d'attache

 
     
 

Le bar fréquenté par les marins de passage qui consultent leurs mails en sirotant une Tusker, la bière locale

 

L'ilot Mélé au Nord de la baie Mélé:

Après les courses indispensables en ville nous levons l'ancre pour un mouillage tranquille à l'abri de l'îlot Mélé. Voir la carte ci dessus.

La position est 17°41,54'S - 168°15,88'E dans 12 mètres d'eau sur fond de sable de très bonne tenue. Nous ne craignons pas les têtes de corail car il y a une rivière qui déverse son eau douce et le corail a horreur de ça.

Nous sommes venus aussi ici car il y a quelques plongées intéressantes pour l'endroit même si, après la Nouvelle Calédonie, je suis devenu un peu difficile. J'ai fait 3 plongées en compagnie de Sigrid du voilier australien Optimus. J'ai pu ressouder avec mon petit poste le collecteur d'échappement de son compresseur d'air, et Ben était ravi de regonfler mes bouteilles.

 
Nous avons trouvé une épave.
Voici les indications pour effectuer cette plongée vers laquelle aucun club n'organise de palanquée:
Venir en annexe sur le récif et mouiller dans 4 à 5 mètres d'eau à la position : 17°41,995'S - 168°15,677'E  Le récif forme un mur qui descend à 20 - 22 mètres jusqu'à un fond sableux. Descendre directement le long du mur ou en empruntant quelques failles qui le coupent.  En bas, à environ 20 mètres de la surface il faut longer le récif que l'on garde à main droite pendant environ 10 minutes en nageant tranquillement. Choisir un jour avec une bonne visibilité et vous trouverez l'épave d'un gros bateau de pèche écarté d'environ 40 mètres du récif (ca sera sur votre gauche donc car en principe vous passez entre le récif et l'épave. Soyez attentif.
On peut rentrer dans une soute c'est toujours le repère de quelques grosses murènes ou mérous.
En fonction de votre autonomie, vous pouvez continuer encore un peu le long du récif et choisir des failles dans le mur pour remonter progressivement en admirant la faune et la flore. Ensuite revenir vers l'annexe dans 4 à 5 mètres d'eau bien claire.
 
     
   

 

Les pécheurs de Mélé ont posé une senne et les hommes tirent le lourd filet à partir de deux points sur la plage.
Les femmes regardent en espérant que le coup de pèche sera bon.

 

 

 

(*)

  Ci dessus la plage de Mélé  vu du bateau.

 

Pendant que je plongeais, Anik et Geneviève sont allés se promener un peu en arrière du bord de mer. Elles ont trouvé l'école primaire française. Comme dans tout l'archipel du Vanuatu, en fonction des lieux, les enfants apprennent soit le français soit l'anglais en plus du bichlamar qui est la langue officielle, mélange savoureux issu de l'histoire du pays.
N'oublions pas aussi les 115 "langues maternelles" encore pratiquées couramment parfois uniquement dans une partie de village...

 

Le bichlamar:

Vous allez tout de suite comprendre en remontant un peu sur cette page pour relire le nom du café où nous faisons de l'Internet. Le patron veut naturellement être le "numéro un" des cafés c'est ainsi qu'il lui a donné ce nom. relisez le tout haut en phonétique... Votre accent anglais est parfait.

En effet le bichlamar dérive surtout de l'anglais légèrement agrémenté de mots français ou espagnol. Pratiquement tous les mélanésiens le connaissent c'est donc un moyen très pratique de communiquer même en dehors du Vanuatu ; mais son vocabulaire est très pauvre et l'orthographe et la grammaire du bichlamar demande encore à être finalisé officiellement bien que beaucoup de chose soient arrêtées.

Quelques exemples : (Recherchez la consonance anglaise des petits mots)

Je suis en train de manger: mi Kakaï nao  
littéralement :  moi manger maintenant

Les verbes ne sont pas conjugués il suffit de rajouter des petits mots:

Demain j'irai danser:    Tumora me go tanis
littéralement : demain moi aller danser

Comptons jusqu'à 10: Wan, tou, tri, fo, faif, sikis, seven, eit, naen, ten

Un hebdomadaire se dira      a nius pepa long evri wik

Et pour traduire un tout petit mot comme le piano, on dira
Samting blong waet man i gat waet and black touts taem you kilim i cry :   Ce qu'on pourrait traduire littéralement par:
Quelque chose appartenant aux hommes blancs et qui a des dents blanches et noires et qui pleure quand on lui tape dessus.

 

 

Une maison dans les arbres:

Une grande partie de la foret sur les îles du Vanuatu est encore ancienne et intacte, c'est ce que l'on appelle la foret vierge ou foret primaire. Elle contient un grand nombre de plantes, d'animaux et d'insectes endémiques c'est à dire ayant développé leur propre espèce et que l'on ne trouve qu'à cet endroit. (il y a le même phénomène très développé en Nouvelle Calédonie toute proche). L'homme défricha progressivement la foret pour libérer de l'espace, y construire des maisons (plutôt des cases ici, on aura l'occasion dans un autre cahier d'en détailler une). Il fallait aussi des terrains pour la culture des fruits, des légumes et des racines... De grandes surfaces ont tout simplement été exploité pour le bois. En bien des endroits la végétation a repoussé en formant une foret secondaire, c'est la brousse qui est donc plus accessibles aux hommes.

C'est dans la brousse à proximité de Port Vila qu'Odile et Eric un couple de français arrivés ici en voilier ont acquis un bout de terrain. Leur critère: Il faut au moins un très grand arbre, un rescapé de la foret primaire, un balèze qui a plus de mille ans avec des branches énormes qui pourront soutenir leur maison.

Tout autour un jardin et une foret de deux hectare qu'il faut défricher en permanence. C'est un gros travail et Odile "embauche" régulièrement d'autres femmes locales qui savent bien qu'elles sont les plantes indésirables et celles qu'il faut absolument garder. De nombreux papillons volent de fleurs en fleurs... Certains d'entre eux sont appelés  "les papillons bonnes nouvelles".

L'approche de la maison dans l'arbre se fait par un petit chemin, couvert de gravillons blancs.
L'entrée ressemble à une énorme case mélanésienne qui est construite en s'appuyant sur un tiers du diamètre du tronc. La maison est en construction permanente et la case sert surtout de séjour où il fait bon se reposer ou pour cuisiner sur le foyer à bois.

Je voudrais prendre une photo de l'arbre mais je n'y arrive pas son diamètre est trop important et il est entouré de végétation. Prendre du recul ne sert à rien. Dans les hauteurs ses branches doivent bien décrire un cercle de 50 mètres de diamètre, emmêlées avec celles des nains qui l'entourent.


Pour arriver au terrain de 2 hectares, il n'y a rapidement plus de route autre que le sentier en terre carrossable en 4x4.

L'approche de la maison dans l'arbre se fait par un petit chemin, couvert de gravillons blancs.
L'entrée ressemble à une énorme case mélanésienne qui est construite en s'appuyant sur un tiers du diamètre du tronc.

(*)
     
 
     
  L'arbre géant est un banian. C'est un arbre vénéré partout où il pousse.
Eric et Odile nous racontent la grande aventure de la construction de cette maison qui ne sera jamais achevée tellement il y a de possibilités. Ils ont fait venir et nourris pendant des mois toute une équipe de mélanésiens qui connaissent l'architecture traditionnelle.

La charpente de la case du rez-de chaussée est accrochée sur les racines qui descendent du ciel.

 

 

La nuit tombe vite sous les tropiques, c'est presque dans le noir qu'Anik grimpe l'escalier enchâssé dans les racines et qui mène à la première chambre. Tout cela était en construction quand nous y sommes passé. Nous avons appris depuis qu'Odile propose maintenant des séjours dans sa maison unique. Elle compose le petit déjeuner avec les fruits du jardins... Nous la connaissons depuis plus de 20 ans et nous sommes ravis de vous communiquer l'adresse de son nouveau site Internet.  C'est mieux que tout ce qu'on pourra en dire nous même.
http://lamaisondubanian.com/

 

Un petit margouillat (genre de tarente aux pattes équipées de ventouses) fait entendre son cri caractéristique. On aime bien cet animal qui, parait-il,  porte chance...
Mais il est temps de redescendre, la cote de bœuf est cuite à point et elle n'attend pas...

 

Télécharger nos traces de navigation:

Télécharger les fichiers "Traces"  qui peuvent ensuite être utilisés avec un logiciel comme Open CPN.
(Explications sur le téléchargement à la fin de la page "carte du Vanuatu")

Avant de quitter Efate nous avons fait une escale à Port Havannah

  • La trace d'arrivée dans la baie de port Havannah jusqu'au mouillage de Matapu. Cette immense baie prend le nom de port car sa configuration permet d'être à l'abri dans n'importe quelle condition de vent en changeant  de place entre les nombreux mouillages possibles. Mais de port au sens ou nous l'entendons, il n'y en a point. Notre trace passe devant le mouillage de Ai Creek  qui est joli mais profond et étroit. Comme il y a déjà 2 voiliers cote à cote, nous avons continué vers le Nord jusqu'au mouillage de Matapu 17°33,76'S - 168°16,5'E. Nous avons mouillé dans 6 mètres sur un fond de sable. Mouillage calme comme sur un lac, sans vent ni vagues. Nous avons débarqué pour aller ramasser quelques noix de coco matures, celles que l'on choisit pour la chair que l'on va presser pour en extraire le lait... Régal dans un plat cuisiné le soir même.
    Voir comment faire le lait de coco.

     
  • la trace du départ  qui passe entre les iles de Lelepa et de Moso. Après une escale à Matapu, nous avons ensuite mis le cap quasiment plein Nord pour une navigation de 55 milles vers  l'île d'Epi.


Matapu, mouillage calme comme sur un lac, sans vent ni vagues dans le soleil couchant...

 

 

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Textes et photos :

 
 
  Anik Delannoy   Jean-Baptiste Delannoy
Les photos marquées par (*) sont de:

 

 

Geneviève a été équipière sur Banik en 2010 de Nouméa en Nouvelle Calédonie jusque Darwin en Australie

  Geneviève    

 

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