Cahier N° 118

 

 

Suite de la découverte du village de Batnavni au Vanuatu:

Nous sommes restés quelques jours dans le village de Batnavni où les habitants nous ont particulièrement bien accueillis. Dans le dernier cahier vous avez découvert avec nous la fabrication du kava. (Et vous avez la chance de ne pas avoir du y gouter). Aujourd'hui nous apprécierons plus agréablement le lalap préparé le lendemain de notre arrivée et les danses en notre honneur. En échange, nous avons fait un petit boulot original avec l'ordinateur...

 

Gastronomie Vanuatuane:

Aujourd'hui nous sommes invités à partager un laplap préparé par les femmes de la famille de Rolenas.

Le laplap est le plat national du Vanuatu et probablement de toute la Mélanésie car nous avons mangé le bougna qui lui ressemble fort en Nouvelle Calédonie. Le principe est connu aussi en Polynésie où nous l'avions découvert pour la première fois.

Dès le matin Anik confectionne une tarte au citron meringuée que nous leur apporterons. Ils n'ont jamais mangé ce genre de dessert. Nous aussi on va pouvoir les surprendre.

 

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Il faut environ 3 heures pour préparer un laplap qui est un ensemble de légumes cuits à l'étouffé dans un four creusé dans le sol. On commence par mettre dans le four du bois et des pierres volcaniques. Le grand feu va les chauffer au rouge. Pendant ce temps on a râpé les diverses tubercules qui composent la base du laplap. Le manioc, le taro, l'igname , les bananes... Le tout est mis dans les grandes  feuilles de laplap qui ressemblent aux feuilles de bananiers et on arrose copieusement de lait de coco.  Quand on veut faire du très bon laplap, et en fonction de ce dont on dispose, on rajoute des viandes  (cochon, bœuf, veau, poulet) et du poisson.

Les feuilles sont refermées hermétiquement et attachées avec quelques lianes. On met ces gros paquets de laplap au milieu des pierres très chaudes puis on recouvre le tout avec d'autres feuilles ou avec des sacs de jute légèrement humides et de la terre pour finir. Laisser cuire doucement.

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L'ouverture du four est un moment excitant. Il y a de bonnes odeurs qui s'échappent et on se brule les mains en dégageant les pierres que l'on écarte avec des bâtons et que l'on saisi avec une feuille de laplap pour toute protection.

 
     
 
Hiiii  Ca brûle !
     
  On emmène les paquets que l'on pose par terre sur des feuilles de bananier en guise de plat.
On consomme le laplap chaud en se servant avec ses doigts.
Le top du top parait-il, mais il n'y en avait pas ce jour là, c'est de manger un laplap avec comme viande de la roussette. La roussette est une grande chauve-souris que l'on peut aussi manger en civet avec une sauce au vin... Les français sont passés par là.

 

 

De l'autre coté de la rivière...

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Une rivière coupe le village en deux. De l'autre coté de la rivière, il y a quelques familles qui sont isolées du reste du village. Nous les avons trouvé par hasard en allant nous promener de ce coté là. Quand nous avons interpelé une gamine qui portait des fruits nous avons été très surpris qu'elle s'adresse à nous en français. Nous comprendrons très vite que la petite minorité de gens qui habitent de ce coté de la rivière sont francophones. c'est ce qui les différencie des autres habitants. (Voir les explications sur les langues au Vanuatu dans les cahiers précédents).

Elle nous conduit chez sa maman qui est veuve aussi, comme Rolenas. La maman s'appelle Agnès et elle aime beaucoup les français. Ils représentent sa deuxième culture. Elle a vu Banik au mouillage bien évidemment et si on avait mis un grand drapeau français elle serait venue nous voir plus vite...

 C'est vrai que notre drapeau est bien vieux et pour préserver le restant de rouge qui s'effiloche au vent, je le roule quand je suis au mouillage avec personne aux alentours.

 

Agnès nous emmène dans sa case et nous présente ses enfants.et son gros cochon qu'elle aime bien et qui vit tranquillement autour de la maison des restes qu'on lui donne.
Il a déjà plusieurs années et il fait partie de la famille. Agnès ne veut pas penser au jour ou elle devra quand même le tuer pour le manger lors de la prochaine fête importante. Au Vanuatu, le cochon est indispensable à toutes cérémonies qui revêt un caractère social. Ce sera peut être au mariage de sa fille.
Elle espère que ca sera le plus tard possible car ainsi les canines de l'animal auront eu le temps de pousser, de se recourber, de devenir une véritable monnaie d'échange

 

Nous proposons à Agnès de venir à bord, elle est ravie et nous comble de fruits et légumes.

(*)

 

Et des danses pour terminer les festivités.

Des danses pour nous tout seul.  C'est Rolenas qui a commandé l'exhibition à notre intention, pour le plaisir, sans rien demander en retour.  Nous ne sommes que 4 spectateurs: Rolenas et l'équipage de Banik. Bien sur il a fallu que nous rejoignons le groupe et que nous dansions avec eux. (Ce sont les deux godiches qui se cachent derrière les autres)..

(*)

C'était très amusant et Anik leur demande s'ils se produisent en dehors du village. Ils aimeraient bien aller faire une représentation en Papouasie Nouvelle Guinée qui possède des îles non loin d'ici mais ils ont un gros problème, il leur faut des passeports.
Le document n'est pas difficile à obtenir s'ils envoient un représentant du groupe à la capitale, mais il leur faut des photos d'identité et il n'y a aucun moyen de faire des photos d'identité dans leur village ni dans les autres alentours. Ils n'ont pas les moyens financiers non plus d'envoyer toute la troupe à la plus grande ville sur une autre île juste pour aller se faire tirer le portrait. Chez nous le moindre gamin est capable de faire une photo et de l'envoyer à l'autre bout du monde à partir de son téléphone portable. Ici nous ne sommes pas dans le même monde. Rappelez vous les jeunes ados qui nous ont fait découvrir la tour du saut du Gaul habillé de leur étui pénien. C'était dans le village de Wali à tout juste 30 kilomètres d'ici.

Je leur propose donc de réaliser toutes leurs photos d'identité.
Avec l'appareil numérique, le logiciel Photoshop pour faire les recadrages, et une clé USB pour tout stocker, c'est facile.
On est allé dans l'église pour trouver un mur un peu blanc. Toute la troupe est appelée à travers le village. Il faut que tous les danseurs soient là. Certains sont dans les plantations éloignées... Ca ne fait rien on envoi des gamins pour aller les chercher... Il y a les français qui vont faire des photos...

Je les place tour à tour sur un banc. je me cale sur un autre. Je leur explique qu'ils doivent prendre un visage grave, surtout ne pas rire. Il ne faut surtout pas rire pour une photo de passeport.

Ca n'a pas été facile... Ils n'arrêtaient pas de se marrer et moi je leur disait
-  "Il ne faut pas rire, sur les passeports il ne faut pas rire"... Et ça les faisait rigoler encore plus. et les autres derrières qui faisaient des grimaces...

 

J'ai fait quelques photos de chacun et ensuite tout le monde a participé à la sélection du meilleur cliché pour chaque danseur.  La encore grande partie de rigolade.

Les plus vieux ne comprenaient pas grand chose à ce jeu de passe passe avec les images à l'intérieur du cordon entre l'appareil photo et la télé ( en fait mon ordinateur portable)... Je n'ai jamais parlé de connexion USB évidemment.

 

Toutes les photos sélectionnées ont été recadrées, renommées et copiées sur une clé flash que nous leur avons offerte.
On a expliqué que tout ce qu'ils ont vu sur l'ordinateur se trouve dans ce petit objet et que quand ils iront à la capitale pour faire leur demande de passeport il leur suffira de donner la clé à un marchand d'appareil photo numériques qui leur tirera le nombre de photos nécessaires sur papier glacé. Ils n'en revenaient pas. Je pense que certains ne me croyaient pas... Ils cherchaient l'erreur, ou bien le tour de passe passe......

 

Contenu de la clé:

 

 
Belinda Ben Dickson Charles  
 
Florence Frederick Gabrol  
 
Gilbert Jessica Lingkon  
 
Marisean Michael Misael  

Merci à vous tous, les danseurs!

 


Et puis il a fallu partir, continuer le voyage... Nous laisserons un bon souvenir aux habitants de Batnavni. Eux aussi resteront dans notre souvenir, ils ont été les ni-vans les plus chaleureux de tout notre séjour au Vanuatu.

 

 

 

Textes et photos :

 
 
  Anik Delannoy   Jean-Baptiste Delannoy
       
Les photos marquées par (*) sont de:

 

 

Geneviève a été équipière sur Banik en 2010 de Nouméa en Nouvelle Calédonie jusque Darwin en Australie

       
  Geneviève Liquière    
       
Remerciements particulier à:  
       
  Rolenas la veuve du chef qui nous a accueilli et introduit dans tout le village   Agnès qui vit de l'autre coté de la rivière et qui aime bien les français.

 

 

 

 

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