Ces deux "rallonges" sont les principales modifications que l'on voit mettre en oeuvre dans tous les chantiers de construction amateur que nous avons visités ces dernières années. Nous n'avons pas failli à la règle et il faut bien reconnaître que nous sommes ravis des transformations que nous avons apportés à Banik entre nos deux premiers voyages aux Antilles. I Il y a plusieurs sortes de portiques: Les jolis portiques qui s'intègrent bien dans la ligne générale du bateau (certains chantiers professionnels rivalisent de réalisations très esthétiques),

les portiques qui ont l'air de perchoir à poulets visiblement rajouté sur une coque inadaptée (la solution du mâtereau est parfois préférable et plus facile à réaliser), les portiques fragiles ou mal conçu qui ne permettent pas d'y installer grand chose, les portiques super costaud mais attention au poids...

Il faut essayer de concilier l'esthétisme, la robustesse et le pratique: Ce n'est pas toujours facile...

Comme la coque de Banik est en acier, le mode de fixation logique pour la robustesse est la soudure. Pour apporter le maximum de rigidité à cette imposante pièce qui doit nous servir, entre autre, à porter l'annexe, nous avons solidariser le portique avec le balcon arrière. Le portique est donc réalisé en tube inox.

L'inconvénient majeur d'avoir cette structure soudée au pont est l'impossibilité de pouvoir la démonter.  Cela ne devrait pas avoir lieu très souvent, c'est vrai, mais nous aimons par exemple flâner sur les canaux lorsque nous sommes en vacances entre deux grands voyages au large. Pour passer sous certaines voûtes notre portique est trop haut. Nous avons donc construit le portique en deux parties qui s'emboîtent l'une dans l'autre. La partie basse est de la même hauteur que les filières et intègre le balcon arrière. La partie haute vient s'y fixer très simplement.

Pour emboîter les deux parties du portique l'une dans l'autre, nous avons soudé un manchon intérieur sur la partie basse. C'est un tube dont le diamètre extérieur correspond au diamètre intérieur du tube du portique. Ce manchon d'environ 50 cm est positionné pour moitié à l'intérieur de chaque partie de tube.

Pour éviter qu'un mouvement exceptionnel et inimaginable ne désemboite les deux parties du portique, un tube de diamètre 20, relie la partie supérieure du portique à un point d'ancrage fixé sur la jupe, de chaque coté du voilier. Nous avons installé un tube suffisamment long pour qu'il serve de main courante quand on descend dans la jupe et qu'il serve également d'appui à l'annexe quand celle ci est hissée aux bossoirs intégrés.

Le portique peut supporter des tas de choses qui fonctionnent avec des câbles: Panneaux solaires, feux de route, projecteur de pont, antennes radio TV et GPS, radar, etc... Tous ces câbles doivent passer dans les tubes du portique. Il semble donc logique de choisir des tubes de grosse section pour faciliter la circulation de tous ces fils, surtout si on veut rendre le portique démontable.

Nous avons poussé le raisonnement jusqu'au bout et plutôt que de réaliser un assemblage de tubes de petit diamètre (ce qui génère un travail plus compliqué) notre portique est constitué d'un tube unique de 12 cm de section.

A bâbord le portique est soudé directement sur le pont, à tribord le tube traverse le pont ou il est soudé de façon étanche. Les câbles qui descendent dans le tube à tribord arrivent donc naturellement dans le coffre arrière du cockpit. Dans ce coffre, il y a une grosse boite de connexion pour tous les câbles électriques, antenne radio etc... Attention certains câbles ne peuvent pas être coupés (GPS) etc...

Le portique est suffisamment costaud pour que nous puissions relever l'annexe et son moteur. Nous ne faisons pas de grandes traversées avec l'annexe sur les bossoirs. Dans ces conditions on est susceptible de rencontrer du gros temps et nous préférons avoir l'annexe solidement fixée sur le pont. Mais pour les ballades de quelques jours avec une météo sure... Le principal intérêt des bossoirs est de pouvoir mettre facilement l'annexe à l'abri tous les soirs. Dans certains mouillages il n'est pas prudent de la laisser accrochée par une "ficelle" au tableau arrière. Un nageur vient s'y glisser et tranche le lien pour se laisser dériver sans bruit hors de portée... Pour "emprunter" une annexe hissée sur bossoirs, c'est déjà plus difficile à réaliser sans réveiller l'équipage.

Les bossoirs sont simplement constitués de deux tubes carrés d'une longueur de 40 cm soigneusement soudés au portique avec des petites plaques de renfort. Au bout de 10 ans on a tout de même réussi à en plié un. Il a fallu réparer sur une plage quasi déserte au Gambier. Nous avons pu ressouder deux tubes de support parce qu'on les avait à bord et qu'on a miraculeusement trouvé un groupe électrogène et un poste à souder.. Faire donc très costaud tout de suite.  L'extrémité de ces tubes est fermé par un petit bout de tôle qui dépasse et qui est percé pour y fixer la poulie triple du palan de relevage. Nous avons soudé des taquets de chaque coté du portique pour y tourner le garant des palans. Le même palan qui supporte l'annexe, sert également à enlever sans efforts le moteur hors bord pour le poser sur le support prévu pour le recevoir sur le balcon arrière.

On peut installer beaucoup de chose sur un portique... pour notre part, nous n'avons pas d'éolienne et le radar est dans le mat,  mais nous y avons mis les feux de route arrière, l'antenne du GPS, celle de la TV et surtout les panneaux solaires. De1995 à 2005, avec deux panneaux de 50 W, nous alimentions tout le bord en électricité. Notre frigo était au gaz donc ne consommait pas, et sous les tropiques en navigation nous accumulons suffisamment d'énergie pour faire fonctionner un petit pilote 24 heures sur 24 ou bien, au mouillage: 2 heures de TV et magnétoscope... le temps d'un bon film...  Depuis 2005 un frigo électrique complète le frigo à gaz, et l'ordinateur reste allumé plusieurs heures par jour. Nous avons donc installé un troisième panneau solaire.

On nous demande souvent comment il faut installer les panneaux solaires pour qu'il soient efficaces. Il est certain que l'on double ou triple la charge en orientant les panneaux dans le soleil. Certains ont donc installé leurs panneaux sur des systèmes à double cardan qui peuvent s'orienter dans tous les sens. Cependant ces systèmes sont compliqués à mettre en place pour le peu de gain en plus par rapport au système qui ne permet une orientation que dans le sens longitudinal du bateau. Si on regarde ce qui se passe lors d'une circumnavigation classique, on navigue dans l'alizé d'Est en Ouest. Le matin on a le soleil dans le dos et on oriente les panneaux vers l'arrière, le soir on a le soleil dans le nez et les panneaux sont tournés vers l'avant. Au mouillage derrière les îles le voilier se met aussi dans le lit du vent et ont fait l'inverse de ce qui est dit ci-dessus. C'est donc suffisant, la plus part du temps, de fixer les panneaux sur un axe qui permet de les basculer d'avant en arrière.

Voir quelques erreurs à éviter

 

Un tube plus fin ayant la même forme que le portique est fixé sur sa face avant. Ce tube bascule vers l'avant et sert de support à un bimini qui couvre le barreur le mettant ainsi à l'abri des ardeurs du soleil tropical.  Le bimini est tenu vers l’avant par deux petits cordages qui se nouent de la barre vers les pataras placés en avant du bimini. Ce bimini parait un gadget dans nos régions mais il a presque toujours été à poste dans les Caraïbes et nous réfléchissons même à une future extension vers l'avant.  Le portique sert également de support à la perche IOR et à la bouée fer à cheval qui en est solidaire. En tirant d'un coup sec sur un simple bout, on peut larguer le tout qui se retrouve alors à l'eau en quelques secondes.

Nous avons également un grand taud de mouillage que nous n'installons que lorsque nous restons plusieurs jours dans un endroit bien abrité. Ce taud couvre tout le pont, le roof et les passavants de l'arrière du bateau jusqu'au mat. Le fait de mettre à l'ombre les 3/4 de la surface de pont permet de faire baisser de plusieurs degrés la température intérieure dans le voilier. Le taud est également intéressant par temps de pluie: Il protège le cockpit et la descente qui peut rester ouverte, et il offre une vaste surface de récupération de l'eau de pluie. La encore, le portique est bien utile pour fixer en hauteur l'arrière de  ce lourd taud de soleil et de pluie.

Nous avons installé deux dérives sabres dans la nouvelle jupe de Banik. Ces dérives ont complètement changé les possibilités de réglages de la stabilité de route du voilier. (voir article sur les dérives arrières). Le portique est la encore fort utile car il supporte deux poulies qui guident les manœuvres des dérives. En effet le système pour les relever, les baisser, ou les maintenir à une hauteur donnée, est un simple va et vient réalisé avec un cordage installé en boucle de la jupe au portique.   Navigation l'hiver en Mer du Nord : Le portique devient indicateur d'angle de gite par rapport à l'horizon. Les deux panneaux solaires sont inutiles avec ce ciel gris.

Vous le voyez, le portique peut avoir de nombreuses fonctions qui se révèlent très pratiques pour un voilier. Quand il est élégant et qu'il s'intègre bien dans les lignes générales du bateau, il participe même à une certaine esthétique auquel nous sommes habitués maintenant et qui est la signature des voiliers à vocation "grand voyage"... Des voiliers devant lesquels on s'arrêtent sur les quais, avec dans les yeux rêveurs la promesse de lointains horizons à pourchasser...

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