Les haubans (et leurs embouts) :

 

Ils sont communément réalisés avec du câble en acier inoxydable, tressé en un seul toron de 19 fils épais. Ce câble, appelé mono-toron, est très solide et ne s'allonge presque pas. il aurait toutes les qualités, si sa constitution n'obligeait pas à l'utilisation d'embouts spéciaux qui finissent par être très chers. Nous allons donc évoquer l'utilisation du mono-toron (utilisé dans la grande majorité des cas) mais aussi du câble souple qui est une alternative intéressante car il est moins cher et surtout il permet de réaliser des embouts épissés sur cosse qui ne coûtent quasiment rien.

(Nous n'aborderons pas le cas du hauban en monofil qui est extrêmement marginal en croisière hauturière).

 

Le mono-toron:

Le mono-toron est constitué d'un toron de 19 fils. Un fil sert d'âme au câble. Autour de cette âme, on a enroulé en hélice 6 autres fils qui constituent une première couche. Au-dessus on enroule une seconde couche de 12 fils. Le mono-toron qui est un câble relativement rigide, ne peut pas être plié autour d'une cosse, c'est pour  cela qu'on ne peut y fixer que des embouts droits.

Il y a deux types d'embout droit :

Les embouts à sertir:

Ils sont constitués d'un tube épais prolongé par l'embout. Le tube est enfilé sur le câble et il est ensuite serti à la presse. Le sertissage  qui demande un appareil  de bonne qualité et un minimum de savoir faire reste le point noir du système c'est la que se produisent les ruptures car le métal a été contraint. De plus il peut  y avoir des infiltrations d'eau salée qui affaiblissent à la longue cette partie... 
En plus du prix du câble, il faut donc compter le prix des embouts (variables en fonction de la forme de ceux ci : oeil, chape, tige filetée, coupelle, té etc..)  et le prix de l'opération de sertissage réalisé par un spécialiste.

Une surveillance à la loupe de chaque embout serti doit être réalisée chaque année. il faut détecter les fissures en sortie de sertissage (flèche rouge).

Prévention:  Lors du sertissage il se forme une petite cuvette qui retient l'eau de ruissellement à la jonction du câble et de l'embout. (uniquement sur la fixation coté pont car coté mat ça coule) . On peut éliminer l'amorce de corrosion à cet endroit en appliquant avec un petit pinceau  un produit à base d'acide phosphorique que l'on laisse agir 2 heures. Ensuite il suffit de rincer au jet d'eau. Pour empêcher les infiltrations d'eau dans l'embout bien sec, il faut  isoler le sertissage en plaçant un peu mastic polyuréthane sur la cuvette. 

c'est là également que le câble s'abîme surtout s'il ne tire pas dans l'axe.

 

Les embouts Norseman :

C'est une  fixation plutôt mécanique, le toron est ouvert, les brins sont alignés autour d'un cône qui le compresse dans une cage. Plus on tire plus ça serre.

Ce type d'embout est une  très bonne solution car il ne nécessite que peu d'outillage mais il est souvent plus cher qu'un embout serti.

En voyage lointain, il est intéressant d'en avoir une paire à bord pour remplacer un sertissage douteux avant qu'il ne casse. Bien sur le câble sera raccourci de la longueur de l'embout que l'on enlève mais on peut toujours ajouter un petit bout de chaîne d'ancre pour compenser.

Sur la photo ci contre, on remarque que l'embout est mal entretenu, des traces importantes de rouille peuvent altérer, à terme, la qualité de la pièce en inox qui devrait être passivée. Si ce sont des salissures provenant de la chape, il est aisé de supprimer cette rouille avec de l'acide phosphorique.

ATTENTION: apparemment ce câble ne tire pas dans l"axe de la fixation car la trace de la chape est fortement marquée. C'est obligatoirement générateur d'affaiblissement de résistance quelque part.

voir description du montage d'un Norseman    (PROCHAINEMENT)

Généralement on a un câble supplémentaire à bord pour remplacer n'importe quel hauban. Il est du diamètre du plus gros hauban, de la longueur du plus long. D'un coté on peut avoir fait sertir au préalable un embout correspondant à la fixation coté mât, il reste à couper le câble en fonction de la longueur du hauban qu'il doit remplacer et de fixer un embout Norseman... ça peut se faire en mer...

 

 

Si les fixations coté mat sont des coupelles destinées à recevoir un embout à boule ou des fentes pour y glisser un T etc... vous êtes condamné à utiliser des embouts de câble sertis. Les embouts sertis peuvent se monter sur du mono-toron mais pas sur du câble souple dont les fils, beaucoup plus fins se briseraient.

Si le câble se termine par un oeil qui se loge dans une chape, vous pouvez utiliser un embout à oeil serti, un embout à oeil muni d'une fixation Norseman, ou fabriquer un oeil vous même à l'aide d'une épissure. Il faut pour cela, utiliser du câble souple.

 

 

Le câble souple   

Il est constitué de  6 + 1 torons de 6 + 1 fils: Chaque toron est constitué d'une couche de 6 fils autour d'un fil (l'âme). Un toron sert d'âme au câble et il est entouré de six torons. Il y a donc 49 fils dans un câble souple au lieu de 19 fils pour un mono-toron. 

Si vous regardez deux câbles de même diamètre, les fils seront donc plus fin sur du câble souple que sur un mono-toron. C'est pour cela qu'il est plus souple et que l'on peut le courber autour d'une cosse. 

Vous pouvez comparer la photo ci contre avec la première de cette page, elles sont à la même échelle.


Attention de ne pas se faire remettre un câble souple constitué de 6 + 1 torons de 19 fils... Les fils seront encore plus fins et aussi plus fragiles. il y a aussi un diamètre minimum au dessous duquel il ne faut pas descendre sans prendre le risque d'avoir continuellement des ruptures de petits fils qui se redressent et peuvent provoquer de terribles dégâts : déchirer une voile qui vient se frotter sur le hauban, blesser profondément une main qui s'y agrippe... 
Sur Banik nous avons utilisé du câble souple d'un diamètre minimum de 10 mm. Il n'est pas incongru de choisir un diamètre un cran au dessus de ce qui est préconisé par l'architecte qui a fait son calcul de résistance en se basant sur l'utilisation du mono-toron qui est plus résistant.   

 

La terminaison sur un câble souple se fait par une boucle du câble autour d'une cosse. Cette boucle peut être maintenue par un manchon ou une épissure sur câble... 

Le manchonnage :

Le manchonnage (dit manchonnage Talurit) est un excellent système quand il est bien réalisé. Cela revient au même principe que le sertissage d'un embout droit sauf que le câble fait une boucle autour de la cosse avant de revenir dans le manchon qui est serti à la presse. Les mêmes précautions sont donc à appliquer envers le manchonnage qu'envers le sertissage  (voir plus haut). C'est une technique de moins en moins utilisée ne serait ce que par esthétisme par rapport à du mono-toron serti...

 

L'épissure: 

L'intérêt du câble souple vient  surtout de la possibilité d'y faire des épissures:

Une épissure c'est esthétique (même si on doit la fourrer sur une partie de sa longueur)

Une épissure c'est indestructible et inarrachable : Plus ça tire, plus elle se serre. 

Une épissure ne réclame aucun outillage compliqué ou onéreux pour être réalisée.

Dans les câbleries, il y a des gréeurs qui savent encore les faire sinon il faut essayer soi même, s'entraîner, faire ça l'hiver, quand on a le temps, c'est une satisfaction supplémentaire de savoir faire ça aussi... Ce n'est pas grave de consacrer quelques mètres de câble pour faire des essais. 

 

Coté coût: Le câble souple est sensiblement moins cher surtout si vous achetez un rouleau complet dans une câblerie (On peut alors faire 2 ou 3 bateaux complets pour le prix d'un) . Si vous les faites faire, les épissures peuvent coûter le prix d'un sertissage, mais il n'y a pas d'embout à acheter. une cosse en inox ça ne vaut pas grand chose.

La cosse ne peut pas être utilisée seule, son diamètre étant beaucoup plus grand que l'axe en inox qui passe dedans,  elle pourra s'allonger et se casser sous l'effort. Il faut donc la renforcer. L'idéal est d'utiliser une cosse pleine mais nous n'en avons pas trouvée. Nous les avons donc fabriquées: 

Nous avons utilisé un rond plein en inox dans lequel nous avons découpé des tranches d"une épaisseur de juste 1 ou 2 millimètres de moins que la largeur de la chape du ridoir.
Il faut ensuite percer cette rondelle épaisse au diamètre de l'axe du ridoir.
On assemble facilement le tout qui tient en place tout seul une fois l'axe passé dans la rondelle et la chape.

En cas de soucis, s'il faut couper le câble et refaire une terminaison, il n'est pas conseillé d'utiliser un embout de type Norseman sur du câble souple. Il n'est pas simple de refaire une épissure en mer (il faut de la place, un bon étau...)  Mais on peut  facilement reconstituer une boucle en pliant le câble autour d'une cosse et le maintenir avec des serres-câble de bonne dimension, en inox ou en acier galvanisé graissé et  rangé dans un sac en plastique.

 

L'allongement :

Si vous réalisez votre gréement en câble souple, pensez qu'il y aura un allongement de 3 à 5 cm à cause du câble qui s'étire, mais aussi des épissures qui doivent se mettre en place.

Conscient de ce problème, nous avons fabriqué des pièces de jonction en inox entre la cadène soudée au pont et le ridoir à chape. Cette pièce de jonction est déjà très utile car elle constitue un élément souple supplémentaire dans l'alignement cadène-cable et favorise ainsi l'élimination des contraintes. ( Nous avons même plié les jonctions des bas haubans pour les orienter le plus favorablement possible)
C'est une articulation qui n'est pas un cardan mais qui en joue le rôle de façon largement suffisante.

Mais un autre intérêt est de fabriquer ces jonctions un peu plus longue. On peut donc y percer deux trous superposés.
Le câble du hauban est coupé pour être fixé sur le trou du haut avec le ridoir réglé à mi course.
Dès que l'on navigue après le premier matage, le gréement rend tout de suite de la longueur : On resserre alors le ridoir.
Après le premier coup de vent il aura rendu encore de la longueur : On desserre le ridoir, on enlève la pièce de jonction, on coupe un trou on replace le ridoir et c'est reparti avec de la course sur le ridoir ... Cela ne bougera plus beaucoup... 

Ce système fonctionne sur Banik depuis 1991, 5 transatlantiques et un tour du monde en cours.

Le témoignage d'un lecteur:

Sur mon côtre norvégien en sandwich, 12 m construction amateur, (revendu) les haubans avaient été réalisés par ?? je ne me souviens plus, mais le fabricant m'avait assuré que les haubans étaient tractionés , après sertissage pour contrôle. Il n'avait pas menti car il n'y a eu qu'à reprendre un poil sur les ridoirs après quelques heures de nav.Par contre les moustaches et la sous barbe étaient toujours "molles" et je n'arrêtai pas de reprendre le mou.j'ai appelé le fabricant qui , à l époque en 1983 m'a répondu honnêtement, bah! les petits bouts on les étire pas. Après étirage, ils n'ont plus bougé d'un pouce..

Philippe Demontreuil

 

Attention: 

Ne prévoyez pas de câble souple avec épissure pour les étais qui supportent un système à enrouleur. En effet cela résiste moins bien à l'effet  accidentel mais qui peut se répéter de torsion du câble lors des manœuvres d'enroulement de la voile. Il faut donc, dans ce cas mettre impérativement du monotoron.

 

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