Cahier N° 119

 

 

Espiritu Santo est la plus grande ile (4000 km²) de l'archipel et c'est la dernière ile sur laquelle nous avons fait escale au Vanuatu.
Il y en avait encore beaucoup d'autres à découvrir. Mais nous devons être en Australie  dans un mois pour avoir le temps de faire les formalités et de rejoindre l'Indonésie à la bonne saison.  Cette sensation de "c'est la fin d'une bonne chose" nous a un peu cassé l'envie de découvrir que nous avions jusqu'alors. Nous nous sommes contentés d'une
semaine de calme dans un mouillage tranquil pour digérer les milliers d'images et de souvenirs de ce pays. Nous avons voulu apaiser nos émotions, fixer nos sensations...
Puis nous avons rejoint la capitale Luganville avec en tête une nouvelle aventure à préparer: La traversée de la partie Sud Ouest du Pacifique jusque Darwin en Australie. 2300 milles d'une traite en passant par le fameux détroit de Torres.

Du coup nous ne connaissons pas bien  l'ile de Santo qui ne se résume pas, loin s'en faut, à la description ci dessous.

 

Découverte: Le Sud de l'ile d'Espiritu Santo au Vanuatu

 

Décompression dans un mouillage tranquil:

Nous avons atterri sur Espiritu Santo et sommes allés directement à la grande ville: Luganville (voir la description plus loin). Nous avions appris qu'une partie de l'équipe de danseurs avait embarqué sur le petit cargo qui fait la liaison entre les iles pour rejoindre Luganville. Nous voulions leur faire la surprise d'être là et les aider à faire leurs tirages photos d'identité dans la boutique high tech du coin. ( voir le cahier 118).
Ca a vite été réglé et nous sommes repartis aussitôt vers le NE. On nous avait indiqué un petit mouillage isolé avec une belle balade à faire en annexe en remontant une rivière. Nous voila donc en route pour passer la pointe Peterson, contourner ses récifs et nous abriter du vent dominant de secteur E derrière les ilots.

Ile de Espiritu Santo

Télécharger nos traces de navigation:

Télécharger les fichiers "Traces"  qui peuvent ensuite être utilisés avec un logiciel comme Open CPN.
(Explications sur le téléchargement à la fin de la page "carte du Vanuatu")

Clic droit ici (enregistrer la cible sous) pour charger la trace permettant d'arriver à Peterson Point par la passe Sud.
Il y a aussi un passage plus au Nord pour entrer dans cette baie. mais nous ne l'avons pas exploré.

entrée dangereuse

Ensuite, vous voyez qu'on navigue entre les cailloux, qu'il n'y a alentours, par endroit que 2,3 mètres d'eau, qu'il faut passer entre des piquets dont on ne comprend l'orientation qu'au dernier moment... Il vaut mieux que vous ayez rentré les 7 points GPS ci dessous et que vous les suiviez exactement. Ca passe... sur la trace il y a toujours au moins 3 mètres d'eau. Mais soyez prudent, ayez aussi un œil sur le sondeur, et surtout sur la mer pour voir les nuances de couleurs.

Ile Espiritu Santo

Les coordonnées GPS précises de ces 7 points en degrés, minutes et millièmes de minute:

Point 1 : 15° 23.0275 S - 167° 11.7806 E
Point 2 : 15° 23.0013 S - 167° 11.7159 E
Point 3 : 15° 22.9993 S - 167° 11.6637 E
Point 4 : 15° 23.0547 S - 167° 11.5666 E
Point 5 : 15° 23.0607 S - 167° 11.5259 E
Point 6 : 15° 23.0194 S - 167° 11.4935 E
Point 7 : 15° 22.9117 S - 167° 11.4643 E

La récompense est là, un mouillage comme on les aime, la mer est complètement arrêtée, il n'y a pas la moindre houle qui pourrait renverser la petite bière mousseuse que l'on vient de se verser dans le verre immédiatement embué. L'alizé passe sur les iles basses pour nous faire sentir une brisette qui rafraichit la peau juste ce qu'il faut et qui éloigne les moustiques, pas âme qui vive alentours. En fait il y en a mais assez loin, on ne les voit pas. Et tout autour, des petites plages qui invitent à la découverte et à la baignade.

Mouillage tranquille derrière les ilots

Le lendemain de notre arrivée un gros grain s'annonce. En la circonstance nous sommes ravis. Nous sommes à l'ancre dans une zone très protégée et nous n'avions pas de solution pour remplir nos réservoirs d'eau avant la future longue  traversée. Nous installons le taud récupérateur de pluie et en moins de deux heures nous sommes pleins à ras bord. Super!  voila une bonne chose de faite.

Grain sur le mouillage

 

Le mouillage en bordure de l'ile de Malparavu, appelé par les anglais "oyster island" est réputé pour être un trou à cyclone. C'est vrai que dans cette partie Nord de la baie de Peterson, les fonds varient entre 9 et 16 mètres, ils sont de très bonne tenue. Le sable vaseux est bien collant. On peut mouiller n'importe ou on sera toujours derrière quelque chose.

Seule sur la plage

Nous resterons là encore quelques jours qui nous permirent d'intégrer que nous allions quitter ce pays si attachant  pour une longue, et sans doute agitée, traversée océanique.

Nous n'avons pas manqué la balade en annexe au trou bleu. Il faut remonter une rivière à l'eau particulièrement  limpide. On voit qu'il n'y a pas d'industrie et de pollution par ici. Nous avons même gouté (avec prudence) une plante qui pousse sur l'eau et qui devait être du cresson, en tous cas ca en avait le gout. 

Le trou bleu

Ce trou bleu est vraiment  un endroit magique. Chacun tombe sous le charme...

Baignade au trou bleu   Aquarelle au trou bleu
Anik n'hésite pas longtemps avant de piquer une tête dans l'eau attirante   Geneviève sort son carnet à croquis pour fixer dans sa mémoire des images et des couleurs de toute beauté

Cueillette au trou leu
Jean-Baptiste explore la nature environnante riche et belle. Il trouve des papayes et cueille un joli bouquet de fleurs pour les dames.
Si vous cherchez un endroit qui ressemble à un petit coin de paradis terrestre...

 

 

Il y a quelques habitations cachées autour de la baie de Peterson. Nous les découvrons en allant faire une autre balade à terre.  Comme toujours l'accueil est fort sympathique.

Dans beaucoup de village, les maisons sont encore majoritairement bâties de façon très traditionnelle. Il n'y a que dans les villes où le béton et le parpaing ont remplacé le bois.

Ils sont justement en train de construire une maison pour un des enfants de la mamie en photo avec Anik.  C'est surprenant de simplicité.
  Anik et une Nivan
     
Quelques  poteaux servent de support à un plancher sur pilotis. Il y a plein d'avantages à être un peu au dessus du sol, isolé de la terre, notamment lors des fortes averses tropicales comme il peut y en avoir parfois... Sans parler des cyclones.
Quelques troncs juste élagués, pas vraiment droits, servent de support aux quatre murs et forment la charpente de la toiture. il est même prévu un auvent devant la porte (où nous nous tenons).
Les troncs sont reliés horizontalement par des tiges placées en double. Le remplissage des murs est réalisé avec des baguettes enfilées serrées verticalement entre les tiges.
  Maison traditionnelle Vanuatu 1
     
Une fois toutes les baguettes coincées les unes contre les autres, formant ainsi le remplissage des 4 murs. Il suffit de couper tout ce qui dépasse en haut.
Sur le plancher, ils ont déjà stocké les paquets de feuilles de pandanus liées ensemble autour d'une tige. il n'y a plus qu'à poser ces tiges sur la charpente, en commençant par le bas de la toiture pour que chaque couche se recouvre assurant ainsi l'étanchéité. La maison est construite en quelques jours. Le plus long est de rassembler les matériaux depuis les forets environnantes.
  Maison traditionnelle Vanuatu 2
     
Un jeune qui nous voit très intéressés par la construction insiste pour nous amener chez lui.
Sa maison est presque neuve, elle a moins de 6 mois et il l'habite depuis peu. Il en est très fier et il y a de quoi. Le sol est fait d'une dalle de béton. Un jour il l'a fera carreler. Les murs sont en feuilles de pandanus tressées. c'est plus de travail mais la maison est plus finie et on voit moins a travers qu'avec le système des baguettes.

Toutes les maisons ont leurs toits relativement pentus, pour favoriser un écoulement rapide de la pluie.
  Maison traditionnelle Vanuatu 3

 

 

Nous étions arrivés à Espiritu Santo par l'Est:

Il faisait jour, mais la nuit il est très facile de repérer le phare à l'Est de l'ile de Tutuba dont les caractéristiques sont: Un éclat blanc toutes les 5 secondes. Il suffit de longer ensuite la cote Sud d' Espiritu Santo jusqu'à Luganville qui est très visible. 

Clic droit ici (enregistrer la cible sous) pour avoir la trace de notre route d'arrivée.

Atterrissage sur Luganvile

Il n'est pas évident de trouver un bon mouillage devant Luganville. Les fonds deviennent très vite importants. On se demande si l'ancre ne va pas accrocher une épave dans cette eau chargée. Il est conseillé de mettre un orin sur l'ancre. La houle d'Est se fait parfois fort ressentir rendant les nuits inconfortables. Nous avons vu aux jumelles quelques voiliers qui sont allés mouiller plus au Sud, juste au Nord de l'ile d' Aore. Là bas, la zone doit être moins agitée mais c'est un peu loin de la ville en annexe (1,2 mille) et il faut mouiller très près de la cote à cause de la profondeur.

Les mouillages en face de Luganville

Nous avons tout d'abord pris un mouillage dans la petite baie (Luganville baie) qui se situe à l'W de l'embouchure de la rivière Saakata. Après avoir tourné une fois pour reconnaitre les fonds au sondeur nous avons jeté l'ancre dans une profondeur de 6 mètres. 15°31,35' S - 167°09,94' E  L'inconvénient de ce mouillage c'est qu'il est un peu loin de tout et que ce n'est pas pratique pour débarquer en annexe. Il y avait quelques autres bateaux.

Pour effectuer toutes les formalités de sortie du territoire et aussi le gros ravitaillement  pour le mois à venir, nous avons préféré nous rapprocher un peu et avons mouillé à proximité d'un club de plongée avec un petit ponton bien pratique pour y amarrer l'annexe quand nous revenions avec le caddy chargé de courses.
15°30,938' S - 167°10,966' E.

Ponton du club de plongée à Luganville
Banik mouillé en face de Luganville près du club de plongée.

  Luganville est la deuxième ville du Vanuatu. Elle n'est pas folichonne. ce n'est pas ici que nous viendrions passer des vacances. Mais c'est ici que nous pensons pouvoir préparer notre future traversée vers l'Australie. La production agricole  des milliers d'hectares fertiles de la cote Est de Santo, les conserveries de viande font de Luganville un pole économique important du pays. (exportation)

Le charme de l'ile se découvre ailleurs, le long de la cote sauvage de l'W ou le long des plages et des baies de la cote Est.
     
Immigration à Luganville
Nous avons intérêt à être bien en règle pour arriver en Australie. Les autorités ne rigolent pas la bas. Voir  l'article à ce sujet.
  Nous commençons par  consciencieusement  effectuer les formalités de sortie en passant à la Douane et à l'immigration.

En juin 2010, l'ensemble des démarches pour un mois passé dans le pays nous ont coutées les sommes suivantes
:
Entrée à Tanna:
douanes: 3 000 vatus
immigration : 4 000 vatus

puis à Port vila:

la quarantaine: 3 000 vatus

Départ à Santo:
taxes de port et de navigation pour tout le séjour: 7 875 vatus.
soit un total de 17 875 vatus, soit 180 € à l'époque

     
 
Nous terminons nos tournées en ville par le grand marché  situé près de la rivière. Nous constatons tout de suite qu'il ne propose pas grand chose  d'autre que les productions locales, contrairement à celui de Port Vila (capitale du pays) ou arrivent  un minimum de produits d'importation. Il va falloir  faire avec les racines, tarots, ignames et autres patates douces... Nous ne manquerons pas non plus de grosses bananes légumes à cuire...
Nous aimons bien mais nous aurions préféré trouver aussi des oignions, des choux, des carrottes...
     
  Pour les fruits, et bien ça sera mangues, oranges, et pamplemousses. Ceux ci sont délicieux et se conservent longtemps. On a vraiment l'impression que ce n'est pas la grande abondance aujourd'hui...
     
  Cependant Anik est à son affaire. Les marchés, elle aime ça.
Il lui faudra tout de même déployer toute son expérience pour mener à bien ce ravitaillement un peu spécial.
1) Il n'y a pas beaucoup de choix,
2) il faut avoir assez de nourriture pour vivre à trois pendant environ 20 jours, (en fait nous mettrons 17 jours)

3) et il ne faut pas avoir de trop car les australiens confisquent tout ce qui est consommable à l'arrivée.
Ils sont un peu paranoïaques en ce qui concerne les produits qui leur arrivent de l'étranger... surtout d'ici.
     
Fabrication de filets  

Le soir même, sur une idée de Geneviève,  nous nous attachons à la fabrication de filets qui seront suspendus à l'ombre sous le bimini pour y ranger une bonne partie de nos produits frais.




 

Départ par le Sud Ouest:

Tout est prêt pour la traversée, les papiers sont tamponnés; les vivres sont rangés, le bateau est en ordre. A chaque départ pour une longue traversée je pointe ma check liste et je fais tous les contrôles. Ca me prend pratiquement une journée mais ensuite on navigue l'esprit tranquil.

Nous quittons Luganville  par le Sud Ouest en longeant le canal entre Espiritu Santo et l'ile de Aore. Comme souvent, nous aimons faire un faux départ et nous stoppons une petite quinzaine de milles plus loin dans le mouillage de Tangoa. Ca permet de fignoler des petites choses, de jouir pleinement encore d'une nuit entière au calme.   

Route vers le mouillage de Tangoa

Clic droit ici  (enregistrer la cible sous) pour avoir la trace de notre départ par le SW jusqu'au mouillage de Tangoa

Geneviève dans le hamac   C'est vrai qu'il est fort calme ce mouillage et pendant que l'on prépare les dernières bricoles, Geneviève trouve la place où elle gênera le moins nos gesticulations.


Est ce elle qui aiguisa la curiosité de ces messieurs?

Quelques phrases sympathiques échangées entre les occupants de la pirogue et nous. Ils seront les dernières personnes que nous verrons dans ce pays, les derniers à qui nous parlerons avant 3 semaines.
     

Visiteurs en pirogue

Ce soir "A chlope" comme on dit chez nous et demain on lève l'ancre pour l'Australie...

 

Un peu d'informations complémentaires sur l'ile d'Espiritu Santo:

Cette ile fut une importante base militaire américaine durant la dernière guerre mondiale. Il y avait plusieurs pistes d'atterrissage et 4 hôpitaux et une zone de mouillage portuaire importante à Luganville.  Même si nous n'en avons pas vu, il reste encore de nombreux vestiges de cette présence américaine sur l'ile. Des carcasses d'avions dans la jungle, des câbles anti sous-marins, des hangars... A la fin de la guerre, les américains se débarrassèrent de tout leur matériel en le jetant à l'eau à la pointe qui s'appelle aujourd'hui "one million dollar point"  On y trouve des camions, des bulldozers ,des jeeps, des munitions, par deux mètres de fond.

Une épave très célèbre, sur laquelle je regrette aujourd'hui de ne pas avoir plongé, est celle du Président Coolidge. Un paquebot de luxe réquisitionné par l'armée pour transporter des troupes et qui a sauté sur deux mines. A ce moment là il transportait 5000 hommes mais seulement deux périrent. Ce paquebot long de 200 mètres repose par 30 à 70 mètres de fond. les cales toujours chargées de matériel et de véhicules de guerre, les cuisines et les restaurants parsemés de vaisselle.  C'est comme si le Titanic était à portée de plongée, accessible depuis la plage.

Le point culminant est le pic Tabwemasana (1879 m). Une bonne partie de l'ile est montagneuse et sauvage, difficilement pénétrable.

Textes et photos :

 
Anik au Vanuatu JB au Vanuatu
  Anik Delannoy   Jean-Baptiste Delannoy
       

 

Geneviève au Vanuatu  

Geneviève a été équipière sur Banik en 2010 de Nouméa en Nouvelle Calédonie jusque Darwin en Australie

       
  Geneviève Liquière    

 

 

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