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			 Interview de Banik 
			pour Loisirs 
			Nautiques: 
			La journaliste Julie 
			Clerc du magazine Loisirs Nautiques a interviewé Anik et Jean-Baptiste pour 
			illustrer une partie du dossier sur le Pacifique qui est 
			publié dans le numéro du mois de décembre 2008.  
			Le travail de préparation de cette interview est intéressant et nous 
			le proposons ici aux lecteurs du site de Banik. C'est un pêle-mêle  
			d'images de la Polynésie vu par des navigateurs de passage. 
			Pour une information plus complète, nous vous invitons à aller lire 
			le dossier et les autres témoignages directement dans le 
			magazine Loisirs Nautiques N° 
			444 du mois de décembre 2008.  
			  
			  
			Pour les nouveaux venus sur le 
			site de Banik, voici quelques liens pour faire rapidement 
			connaissance: 
			
			  
			  
			Interview à bâton rompu préparée 
			par Julie Clerc: 
			Après tant d'années de navigation 
			en Atlantique et Caraïbes, 
			qu'est ce qui vous a donné envie de vous rendre en Polynésie? 
			
				C'est vrai que nous avons hésité plusieurs fois à faire le pas 
				qui nous mène dans le Pacifique. Aller en Polynésie c'est un 
				vrai effort. En voici quelques raisons 
			 
			
				- C'est loin la Polynésie. C'est au milieu de l'océan 
				Pacifique Sud et quand on regarde une carte du monde les 
				distances à parcourir donnent un peu le vertige. Il faut donc du 
				temps pour aller en Polynésie. C'est une destination qui ne peut 
				pas être mise au planning des navigateurs en année sabbatique à 
				moins d'acheter ou de louer un bateau sur place.
 
				- C'est grand comme l'Europe la Polynésie. Une fois arrivé la 
				bas, il y a toujours beaucoup de route à parcourir. Il faut par 
				exemple 8 jours pour rejoindre les Marquises à partir des 
				Gambier, il en faut autant pour aller ensuite à Tahiti sans 
				escale. Si on souhaite retourner à l'Est des Tuamotu ce sont des 
				dizaines d'étapes contre un bon alizé de SE.  
 
				- C'est un vrai budget d'aller en Polynésie. Tout le monde 
				sait que la vie dans les îles est toujours plus chère que sur le 
				continent.... Mais avant ça il y a le cout du passage dans le 
				Pacifique. Pour la plupart des voyageurs ce sont les frais de 
				passage du canal de Panama. Nous avions payé 800 US $ en 2006 mais 
				dépensé 3 fois cela en achats divers avant d'aborder le grand 
				océan. Ceux qui empruntent les canaux de Patagonie doivent 
				encore plus équiper le bateau, acheter un chauffage, des 
				aussières de 100 mètres de long, consommer plus de 1000 litres 
				de gasoil pour remonter les canaux au moteur contre le vent.
 
				- Une fois en Polynésie ce n'est pas simple de rentrer. Il y a 
				plus de la moitié du tour de la terre à faire si on continue 
				vers l'W, avec des passages délicats comme les abords de la Mer 
				Rouge ou le cap de Bonne Espérance. Pour un retour provisoire, 
				le voyage en avion est long et onéreux.
 
			 
			
				Beaucoup hésitent à faire le pas une fois 
				arrivé aux portes de l'océan Pacifique. Et nous comme les 
				autres... Peut-être que par rapport à notre situation 
				personnelle, ce n'était pas raisonnable. Mais faut-il toujours 
				être raisonnable ?  En tous cas nous sommes passés dans le 
				grand océan un peu  par défi... et nous ne le regrettons pas.
				  
			 
			  
			A partir de Panama vous avez 
			navigué jusqu'aux Galápagos où vous êtes restés un mois puis vous 
			avez repris la mer pour atteindre la Polynésie française. Combien de temps a duré votre 
			séjour ? 
			
				
					
						
						
							
							
							  
							L'accès au 
							paradis ne dure qu'un an pour les navigateurs. 
							
							  
							
							Erratum (Aout 
							2009):  
							Il semblerait que les règlements ont changé... on 
							parle de deux ans maintenant. 
						 
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						 Les 
				navigateurs  français qui arrivent avec leur voilier peuvent 
				séjourner temporairement dans les eaux de la Polynésie 
				française. Ils sont sous le régime de l'admission temporaire. 
				C'est à dire qu'ils bénéficient d'une suspension des droits et 
				taxes de douane pendant une durée maximale de 12 mois en une ou 
				plusieurs fois sur une période de 24 mois. 
						Ce régime 
				de l'admission temporaire est réservé aux navires immatriculés 
				en dehors du territoire de la Polynésie française au nom d'une 
				personne physique ou morale qui a sa résidence principale en 
				dehors de la Polynésie et n'y exerce aucune activité lucrative. 
				(texte des douanes) Au delà de ce délai, il faut "papeetiser" le bateau c'est à dire 
				le faire expertiser, l'importer via un transitaire et payer les 
				taxes d'importation (total des frais environ 20% de la valeur du 
				bateau). 
						Je trouve 
				que cette réglementation est illogique pour les navigateurs 
				français. En ce qui me concerne, j'ai déjà payé au trésor public 
				la TVA sur tous les matériaux que j'ai acheté pour construire 
				Banik. Pourquoi dois-je payer une deuxième fois si je stationne plus d'un an sur un territoire qui 
				s'appelle "Polynésie française". Payer à une douane 
				qui affiche le logo de la République française sur tous ses 
				courriers. De plus la taxe est calculée 
				sur la valeur du bateau. La plus grande part de cette valeur 
				sont les milliers d'heures de travail personnel pris sur mes 
				loisirs pour construire la totalité du voilier et l'entretenir 
				par la suite. C'est rageant de payer une taxe sur ce travail. Et 
						en ce qui nous concerne, notre budget de voyage ne nous 
						le permet pas. 
						Arrivé le 
				15 aout 2006 aux Gambier, nous n'avions l'autorisation de rester 
				qu'un an sur le territoire de la Polynésie donc jusqu'au 14 aout 
				2007.  Nous avons séjourné deux mois dans cet archipel, un mois 
				aux Marquises, traversé les Tuamotu, parcouru les îles de la 
				Société avant de découvrir à Tahiti que l’évolution de 
				l’insuffisance rénale d’Anik allait nous obliger à rentrer en 
				métropole pour faire la transplantation.  Il me semble que 
						c'est une raison médicale suffisamment grave pour avoir 
						un peu souplesse dans le règlement. J'ai demandé aux 
				douanes de nous accorder un sursis de stationnement. Il nous a 
				été « accordé jusqu’au 14 aout 2008, délai de rigueur ». 
						 
						J’ai 
				quitté la Polynésie française le 9 aout 2008 sans Anik qui 
				n'était pas encore remise de l'opération et avec une grosse 
				boule à l’estomac de regret. 
						Il faut du temps pour apprécier 
				un pays... Et c’est toujours comme ça, c’est à la fin, quand il 
				faut partir, qu’on se fait le plus d’amis…  | 
					 
				 
			 
			
				Cette 
				expression d'humeur concernant ce règlement douanier m’est venue tout de suite à notre arrivée 
				aux Gambier d’autant plus que le tube du moment sur la radio FM 
				Radio Polynésia était un groupe, genre Rap, et le thème est "Qui 
				c'est qui paye... C'est la France qui paye... Na na na 
				nanèèèreee" et la France c'est un tout petit peu nous. Ça va 
				mieux aujourd'hui quand nous pensons à la gentillesse des 
				personnes que nous avons rencontrées en Polynésie mais nous 
				regrettons la rigidité de cette loi qui nous contraint à partir 
				au bout de 12 mois  de présence simplement parce qu'on arrive avec notre 
				bateau. A ma connaissance il n'y a aucune restriction quand on 
				arrive en avion avec ses meubles. 
			 
			  
			Quels ont été les moments 
			marquants de votre séjour? 
			
				L’arrivée 
				dans l’archipel des Gambier a été marquante car c’est presque un 
				aboutissement. Nous arrivions en Polynésie, destination magique, 
				destination du bout du monde, concrétisation des vieux rêves de 
				voyage alors que nous n’étions encore qu’à construire notre 
				bateau. De plus l’archipel est magnifique avec l’île de 
				Mangaréva découpée par ses montagnes caractéristiques. C’est 
				dans le lagon des Gambier que j’ai croisé mes premiers requins 
				en pratiquant la chasse sous marine. Certes c’étaient des petits 
				requins, des pointes noires, mais le syndrome des dents de la 
				mer m’impressionne toujours, 
				encore maintenant, 3 ans après.   
			 
			
				
					
						
						
							
							  
							Un requin "pointe noire" 
							tourne autour du chasseur sous marin. 
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						 Nous avons 
				cependant quelques regrets par rapport à la saison où nous y étions, en aout et 
				septembre, c’est le plein hiver et à la latitude de 23° Sud, la 
				fraicheur commence à bien se faire sentir quand on est habitué à 
				la chaleur des tropiques. L’eau nous a paru très froide au point 
				d’empêcher des bains de longue durée. Combinaison de plongée 
				obligatoire pour aller chasser les poissons dans le lagon. 
						Voir 
				quelques information sur Rikitea, capitale des Gambier
						www.banik.org/mouillag/Rikitea.htm 
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			Quels ont été vos rapports avec 
			les locaux ? Avez vous une histoire particulière ? 
			
				Au Gambier où nous sommes 
				restés un moment, nous avons eu du mal à créer un lien avec la 
				population locale. Tout d’abord nous nous sommes dit que les 
				gens sont tellement occupés à récolter des perles qu’ils ne 
				s’ouvrent pas facilement aux plaisanciers de passage…. Puis on a 
				compris que ce n'est pas ça du tout. Ils se protègent tout 
				simplement car les équipages partent tous un jour ou l’autre et 
				eux ils restent avec l’impression de perdre à chaque fois 
				quelque chose quand ils ont établi une relation amicale. On 
				s’écrira… on s’écrit un peu… au début…mais la vie du navigateur 
				continue… ailleurs.  
			 
			
				
					
						
						
							
							
							  
							
							
							
							Yvonne 
						 
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						Il y a eu de belles 
				rencontres sur toutes les îles. Nous pensons souvent à Yvonne qui habite sur l'île de Ua 
				Pou aux Marquises. Elle nous invite à manger chez elle dans une 
				maison agréable, ombragée par un immense manguier dont les 
				branches croulent sous le poids des fruits juteux. Les murs sont 
				en parpaing peints en rose. Le toit est en tôles ondulées 
				blanches toute propres. L'électricité permet l'installation d'un 
				tas de confort moderne comme la télévision et les 
				congélateurs... Ce n'est que tard le soir, après que nous ayons 
				échangé de multiples confidences que nous abordons des sujets 
				plus tabous... comme le mana qui est une énergie que l'on porte 
				en soi et qui est alimenté par l'esprit des ancêtres.  Elle 
				a réussi à nous faire frémir, Yvonne, quand en évoquant ses 
				ancêtres elle en vient à parler de sa grand mère qui a plusieurs 
				fois mangé de la chair humaine. Bien installés dans nos 
				fauteuils confortables, nous avons du mal à la croire. Mais on 
				nous a dit que c'était possible, il parait que dans l'île 
				voisine, à Nuku hiva, le dernier gendarme a été mangé en 1920. 
						Pour en savoir plus sur 
				l'île de Ua Pou où vit Yvonne.
				
				http://www.banik.org/mouillag/UaPou.htm | 
					 
				 
			 
			
				
					
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							Plusieurs rencontre nous ont 
			permis de découvrir la vie traditionnelle 
			polynésienne. Et notamment de nous initier aux habitudes culinaires. 
				Aux Gambier ce sont Christelle et Tutiana qui nous ont fait 
				découvrir la noix de coco, comment la râper pour en extraire le 
				savoureux lait bien crémeux et gras. Le plaisir a été encore 
							plus fort quand nous avons été invité à partager la 
							fête donnée à l'occasion de l'anniversaire de 
							Christelle. 
							Pour en savoir plus sur la 
				noix de coco et son usage:
				
				www.banik.org/pratique/Cuisine/NoixDeCoco.htm 
						 
						
						
						Christelle et Tutiana   
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				A Huahine nous avons rencontré 
			Siki qui nous a fait découvrir la jungle pour trouver des caramboles et 
				le fruit de l'arbre à pain que l'on appelle "uru" (prononcez 
				ourou) en Polynésie. Nous sommes restés une semaine au mouillage 
				devant sa magnifique plage et nous sommes revenus plusieurs 
				fois. Nous  avons partagé de très bons moments. Nous ne 
				savions pas comment le remercier car il n'accepte ni alcool, ni 
				cigarettes. Nous avons fini par lui offrir la même chose que ce 
				qu'il nous donnait avec tant de générosité. Une initiation à nos 
				coutumes et habitudes culinaires. En bon chtis, nous lui avons 
				fait des frites à bord de Banik... Des frites à base uru. C'est 
				délicieux, nous vous invitons à essayer. 
				A Mopelia, c'est Kalami qui 
				m'a emmené pécher la langouste la nuit sur le platier de la cote 
				au vent. Sans lui je n'aurai jamais su attraper une seule 
				langouste. Et le lendemain matin il m'en dépose trois dans le 
				cockpit, déjà cuites et prêtes à être mangées. Une autre nuit, 
				j'accompagne sa femme Sophie pour aller dans la broussaille 
				dénicher les crabes de cocotier que nous mangerons accompagné 
				d'une purée d'igname. Nous sommes restés quelques jours de plus 
				au mouillage devant chez eux. Je voulais les aider à défricher 
				une zone envahie par la brousse à un endroit ou Sophie aimerait 
				installer leur nouvelle maison aux murs de planches et au toit 
				en tôle ondulée, mais devant une plage de carte postale. 
			 
			
				
					
						
						
							
							
							  
						 
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						Sophie et Kalami habitants de l'atoll de Mopélia, le 
						dernier à l'extrême Ouest de la Polynésie française. 
						  
						Ils sont heureux de venir à bord de Banik discuter de 
						la pêche de la veille en partageant un café. 
						Nous avons pu leur faire plaisir en téléphonant à 
						Raiatea avec l'Iridium par satellite pour qu'ils aient 
						des nouvelles de leur fille qui venait d'accoucher 
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				Nous pourrions aussi citer 
				Norbert qui habite sur le motu Tautau et qui connait tous les 
				arbres et les végétaux de la région. Il aime prendre le temps 
				d'expliquer les vertus de certaines plantes ou fruits d'où on 
				peut extraire un jus ou une huile qui aura une application bien 
				particulière. 
				Presque partout nous avons 
				sympathisé avec les polynésiens qui n'ont pas fait mentir leur 
				réputation de gentillesse. Mais à chaque fois nous avons du 
				faire la démarche d'aller vers eux. Il y a souvent maintenant 
				une période d'observation car ils voient passer de plus en plus 
				de bateaux, de plus en plus de gens pressés, de plus en plus de 
				navigateurs touristes qui ne conçoivent les échanges avec les 
				populations locales que comme des services qu'on rémunère.
				 
				
				  
				  
			 
			Vous ont-ils sensibilisés à la 
			culture polynésienne ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ces 
			us et coutumes ? 
			
				
					
						
						
							Encore une fois, nous ne sommes pas restés assez longtemps en 
				Polynésie pour avoir acquis autre chose que des bribes de 
				culture.. .Juste pour avoir la possibilité de nous rendre compte 
				qu'il n'y a pas une culture polynésienne mais des cultures 
				polynésiennes.  Les îles du Pacifique ont été colonisées par les guerriers maoris 
				bien avant notre ère. Ces navigateurs exceptionnels ont 
				découvert des archipels extrêmement éloignés les uns des autres. 
				Il y a sans doute eu des échanges entre les archipels mais il y 
				eut aussi de longues périodes, surement des siècles, sans que 
				personne ne débarque à nouveau à un endroit. Ca a impliqué des 
				évolutions différentes d'une région à l'autre et même si les 
				origines sont proches, aujourd'hui un marquisiens se sent bien 
				différent d'un tahitien ou d'un Paumutu (habitant des Tuamoutu). 
				Il y a des identités fortes comme aux Marquises qui forcément 
				interpellent le navigateur de passage. On est immanquablement 
				attiré par le charme, on a envie de se s'immerger dans leur 
				monde envoutant. La meilleure preuve est que bon nombre de marin 
				ne repartent pas vers l'horizon lointain sans avoir gravé dans 
				leur peau la marque de leur passage, un souvenir indélébile sous 
				la forme d'un tatouage plein de symbole et de force. 
							 
							
							
							Joli tatouage 
						 
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			Quel est votre mouillage favori ? 
			Pourquoi ? 
			
				Nous avons de nombreux mouillages favoris 
			aucun n'est absolument parfais sinon peut être que nous y serions 
			encore. 
				Le petit platier de sable blanc entouré de 
			patates de corail où nous mouillons par 2 mètres d'eau entre l'îlot 
			Mekiro et l'île Akamaru au Gambier. La pêche y est bonne, la 
			tranquillité assurée dans ce coin du bout du monde, les balades 
			superbes sur les hauteurs... Mais l'eau était trop froide en hiver. 
				L'anse de Hakatea sur 
				l'île de Nuku Hiva aux Marquises:  Un 
				mouillage très bien abrité, bordé par une plage de sable plantée 
				de cocotiers, de jolies balades à faire sur les montagnes 
				environnantes, un jardin d'Eden garnis de nombreux arbres 
				fruitiers, l'eau est chaude, la température tropicale est 
				tempérée par quelques nuages qui rafraîchissent l'air ... 
				Pour le marin,
				Hakatea est donc une parcelle de paradis sur terre. 
				NON !  Car il 
				y a les nonos. Ce sont de sales bestioles entre la petite mouche à grandes 
				dents et le moustique à gros dard. Je ne sais pas s'ils mordent 
				ou s'ils piquent mais on ne les voit pas. Sur le coup, on ne les 
				sent pas non plus... Ce n'est que le lendemain que les boutons 
				apparaissent et ils graaaaaaaaaaaaattent. Et en plus il ne faut 
				surtout pas se gratter car alors ils s'infectent. Ça dure 
				plusieurs jours... Leur terrain de jeu : Les vallées humides et les plages.  
				(Il y en a plus souvent sur le sable blanc que sur le sable 
				noir). Pour s'en défendre, les marquisiens s'enduisent la peau d'une 
				épaisse couche du fameux monoï dans lequel les pattes des 
				microscopiques sales bêtes s'engluent. Dans les maisons, ils invitent avec plaisir un margouillat. 
				C'est un lézard jaunâtre et visqueux qui se gave toutes les nuits 
				de nonos, moustiques et mouches diverses... Il est très vorace. 
				Un très beau souvenir également est notre découverte du jardin de 
			corail à l'W de Tahaa. Nous en parlons sur la page web :
				www.banik.org/mouillag/MotuTautau.htm 
				. C'est là que nous avons rencontré Norbert 
				
				
				  
				
				
				L'archipel 
				des Tuamotu 
				offre 
				une multitude de plages au sable blanc 
				
				  
				
				Aux 
				Marquises Il n'y a pas de récif barrière. Les hautes montagnes 
				tombent dans la mer en formant des baies. Mais elles ne sont pas 
				toujours bien abrités comme Hakatea où l'on voit Banik seul au 
				mouillage. 
				  
			 
			Quel était votre quotidien dans ce 
			décor ? Vos activités ? 
			
				Le quotidien des voyageurs au long cours n'est pas forcément 
				une suite d'aventures incroyables ou sa vie est en permanence en 
				péril.  Au mouillage dans ce décor notre vie est presque 
				banale si ce n'est la beauté qui nous entoure. Nous nous levons 
				en même temps que le soleil c'est souvent assez tôt, avant 6 
				heures du matin. Le premier plaisir est effectivement de monter 
				sur le pont et contempler le petit matin calme et sentir l'odeur 
				de la végétation humide qui arrive jusqu'au bateau au mouillage 
				sous le vent du motu. Un jour sur trois il y a la bonne odeur du 
				pain tout juste sorti du four qui vient titiller le paresseux 
				qui flemmarde.   
				Après le petit déjeuner, la toilette consiste souvent à 
				piquer une tête dans l'eau tiède et à faire quelques brasses autour du 
				bateau pour se dégourdir les membres.   
			 
			
				
					
						
						
							
							
							  
						 
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						Ensuite c'est généralement "les 
						corvées". Il y a l'entretien du 
				bateau, nettoyage pour Anik, bricolages pour JB. Et puis il faut 
				bien gagner notre croute, nous ne sommes hélas pas rentier alors 
				JB se met devant l'ordinateur vers 9 heures quand le soleil est 
				assez haut pour charger les panneaux solaires. C'est en moyenne 
				4 heures de travail chaque jour pour rédiger les articles pour 
				le site de Banik, les cahiers de voyage, répondre aux mails de 
				nos lecteurs... | 
					 
				 
			 
			
				
					
						
						
							Dès que c'est possible, l'après midi est consacré aux explorations. On 
				pourrait dire que c'est encore du travail mais en réalité c'est 
				du bonheur. La rédaction de nos articles nous oblige à aller 
				voir ce qui se passe de  l'autre coté de la plage, entrer 
				en contact avec les gens, rechercher des angles pour 
				photographier, nous documenter sur nos découvertes... Nous 
							aimons partir sur les chemins pour une marche de 
							plusieurs heures. On ne marche pas beaucoup sur un 
							voilier et quand l'occasion se présente nous en 
							profitons.  
							Il n'y a pas toujours de nouvelles choses à découvrir. Nous 
				en profitons alors pour réaliser les taches de vie courante qui 
							sont indispensables à faire de temps en temps. Aller chercher de l'eau au robinet de la ville, 
				dans une citerne ou au cours d'un ruisseau. Faire de grandes 
				lessives. Aller à la pèche ou à la cueillette. Faire des dizaines 
				de conserves en bocaux qui nous permettent de nous alimenter 
				avec des produits sains sans trop alléger notre caisse du bord 
				quand nous sommes dans un pays sans ressources ou que les prix 
							sont inabordables. 
							Voir notre méthode : 
				
				www.banik.org/pratique/Cuisine/la stérilisation.htm 
							Cette routine est changée quand nous sommes en navigation. 
				Nous avons alors d'autres occupations, une autre organisation 
				liée avec la vie en mer... Mais c'est ce n'est pas l'objet de la 
				question.  
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						En randonnée nous n'emportons pas de gourde. Comme les 
						polynésiens nous buvons l'eau des cocos. | 
					 
				 
			 
			  
			
			Les conditions de 
			navigation ? Quels conseils donneriez-vous aux navigateurs ? 
			
				Le vent 
				dominant: La navigation est relativement facile en Polynésie 
				française qui est la plupart du temps sous l'influence de 
				l'alizé de Sud Est que l'on trouve sur une grande partie du 
				Pacifique Sud. C'est un alizé assez musclé qu'il est difficile 
				de remonter. Il faut donc bien choisir son itinéraire et faire 
				des zigzags pour voir le maximum de choses quand on arrive de 
				l'Est (généralement des Galápagos ou du Chili). Nous avons par 
				exemple atterri au Gambier puis nous sommes remonté aux 
				Marquises avant de redescendre vers les îles de la Société. 
			 
			
				
					
						
						
							Les grains: 
							Il fait beau, 10 -15 nœuds de vent, on porte tout 
							dessus avec les voiles tangonées. Et puis arrive un 
							grain. Le jour on les voit bien venir mais par nuit 
							noire c'est parfois plus difficile. Il faut alors 
							réagir au quart de tour. Depuis que je suis en 
							Nouvelle Calédonie, je vois arriver les  
							bateaux en provenance de l'Est. En trois semaines il 
							est arrivé 3 voiliers démâtés.  
						 
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				L'un 
				d'entre eux est celui de bons amis que j'avais quitté un peu 
				plus de deux mois avant à Raiatea. C'est un couple de marins 
				confirmés qui sont venus dans le Pacifique par les canaux de 
				Patagonie. Le Skipper m'explique: "C'était de nuit par grand 
				beau temps. Au moment de notre changement de quart le grain nous 
				est tombé dessus à 60 nœuds. Il m'a manqué 10 secondes pour 
				lâcher l'écoute. Le voilier s'est couché, nous avons embarqué 
				plein d'eau. Le mat s'est plié au niveau du tangon. On a du tout 
				larguer en mer : mat, voiles, gréement..." 
				En ce qui me concerne, j'ai pris l'habitude de réduire la 
				voilure de  Banik en début de nuit. Je pense que je vais 
				garder cette habitude 
				Les 
				cyclones: La saison cyclonique s'étale de novembre à avril. 
				Les cyclones ne sont pas aussi fréquents qu'en Caraïbes. Il peut 
				ne pas y en avoir  pendant 10 ans. Ils sont généralement 
				moins violents aussi. Ca signifie que l'on peut prendre l'option 
				de naviguer toute l'année en Polynésie sans courir se mettre à 
				l'abri dans une région épargnée comme on le faisait chaque année 
				des Antilles vers Trinidad ou le Venezuela. Mais un cyclone 
				reste un cyclone avec des vents de plus de 70 nœuds qui sont 
				difficilement soutenables en voiliers. Alors on navigue, oui, 
				mais il y a tout de même des choses à faire. 
				
					- 
					
					Ecouter impérativement chaque jour la météo de décembre à 
					mars. Elle est diffusée plusieurs fois par jour dans toutes 
					les îles sur différentes radio FM notamment le matin à 7:00 
					h par radio Polynesia.  
					- 
					
Ne pas 
					naviguer à cette période dans l'archipel des Tuamotu qui 
					n'offre aucun abri en cas de cyclone. Les Tuamotu sont 
					composés d'une multitude d'atolls. Ce sont des récifs 
					coralliens agrémenté de motu, de petites iles sableuses 
					plantées de cocotiers et qui ne font que quelques mètres de 
					haut. Dans l'œil d'un cyclone, la pression atmosphérique est 
					extrêmement basse. Le niveau de la mer qui n'a plus le poids 
					de l'air à supporter peut s'élever de 2 mètres. Les îles et 
					le récif se retrouvent sous l'eau. et par dessus tout cela 
					il y a les vagues monstrueuses générées par le cyclone. Un 
					bateau à l'ancre n'a aucune chance.  
					- 
					
					Ailleurs qu'aux Tuamotu où on ne navigue pas en cette saison pas 
					il faut repérer les 
					éventuels abris en cas de cyclone. Aller les voir en voilier 
					par beau temps pour ne pas trop hésiter dans le stress. Il y 
					a par exemple port Phaeton au Sud de Tahiti ou port Bourayne 
					à Huahine.  
					- 
					
Voir 
					nos conseils pour
					se 
					préparer en cas de cyclone.  
					- 
					
Il est 
					a noté qu'en principe les Marquises sont à l'abri des 
					cyclones  
				 
				Les 
				passes: Une des particularités des atolls et lagons sont les 
				passes qui permettent d'y accéder. Il y a des passes très large 
				et d'autres très étroites. Il y a très souvent un important 
				courant qui peut rendre impossible le passage à certaines 
				heures. Il faut consulter les guides et instructions nautiques 
				pour essayer de se présenter à un autre moment que le pire. Vous 
				pouvez aussi consulter les conseils sur le site de Banik mais ce 
				sera juste pour celles que nous connaissons. En voici quelques 
				unes: 
				
			 
			
				
					
						
						
							Les 
							patates de corail: Ils encombrent partout les 
							lagons. Il est souvent impossible de naviguer dès 
							que la lumière baisse. Alors la nuit on n'y pense 
							même pas...   
							Après des années de pratique, nous arrivons encore à 
							nous faire piéger comme à Tahaa.  
							Voir comment les 
							lumières peuvent être trompeuses. 
							Il faut dire 
							aussi, car ce n'est pas le cas partout dans le 
							Pacifique que sur ce  territoire français il y 
							a un excellent balisage. Les grandes passes et les 
							grands axes sont balisés avec des feux permettant la 
							navigation de nuit.  
						 
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			Vous installeriez-vous dans 
			le Pacifique ? Où ? Pourquoi ? 
			
				
					
						
						
							
							  
							
							
							Aujourd'hui aucun endroits au 
							monde ne saurait nous retenir même la Polynésie. 
						 
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						 Notre 
				première réponse serait que nous n'avons pas les moyens 
				financiers pour le faire si on désire vivre avec un peu de 
				confort européen, ou avec certaines de nos habitudes ancrées par 
				notre éducation, ou des envies ponctuels comme un aller-retour 
				vers la métropole de temps en temps pour retrouver nos proches 
				et nos racines. 
						Dans un 
				deuxième temps on se dit qu'avec tout ce qu'on a appris nous 
				devrions être capable de vivre à la polynésienne et alors nous 
				trouvons beaucoup de ressources offertes par la nature... Encore 
				faut il accepter de renoncer à tout ce qui nous ferai dire non. 
						A bien y 
				réfléchir nous ne nous y sommes pas arrêtés... et ce n'est pas à 
				cause de la taxe d'importation, ou de la vie chère, c'est simplement parce qu'on a 
				parcouru que la moitié du tour de la terre et que nous avons 
				encore soif de découvertes. Aujourd'hui aucun endroits au monde 
				ne saurait nous retenir même la Polynésie.  
						Mais nous 
				éludons la question... Bon Ok nous allons y répondre... Alors 
				peut-être sur l'île de Raiatea qui est entourée d'un joli lagon et qui occupe 
				une position un peu centrale.  
						De là on peut naviguer facilement  
				vers Tahaa et  Huahine des îles attachantes;  ou filer 
				vers Bora Bora et Maupiti, les belles; ou revenir sans trop de 
				mal à Tahiti si on a besoin de facilités modernes avant de 
				retourner à  Mopélia où on peut vivre en Robinson. 
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			Le Pacifique : un mythe qui 
			cache certaines réalités ? Lesquelles ? Pourquoi  
			
				
					
						
						
							
							
							  
							
							
							  
							
							
							  
							
							
							  
						 
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						 Les 
			lagons sont souvent des piscines. mais il y a beaucoup d'endroit où 
			ce n'est pas vrai. L'eau des Marquises (qui ne possède pas de lagon) 
			est souvent chargée, trouble. L'eau des baies à Tahiti, Moorea ou 
			n'importe quelle île du groupe de la société ont souvent la couleur 
			de la soupe, sauf aux abords du récif. sur ces mêmes îles les belles 
			plages ne sont pas courantes. En fait il n'est pas rare de 
			devoir chercher pour trouver le beau petit coin où on se sentira 
						bien. Sauf à Bora Bora ou tout le 
			lagon est magnifique mais c'est une île où on a vraiment 
			l'impression qu'un voilier n'a rien à y faire. Tous les beaux coins 
			sont envahis par des hôtels sur pilotis. Il y a des milliers de 
			pilotis qui ont été planté dans le lagon ce qui a provoqué sous 
			l'eau un bruit infernal. Tous les poissons sont partis voir ailleurs 
			si les nuisances sonores sont plus supportables. Les seules raies 
			que nous ayons vu dans ce lagon sont des raies captives derrière un 
			parc en grillage. Heureusement une implantation touristique à cette dose là, c'est une exception. 
						  
						  
						  
						Ile 
			de Huahine Banik au mouillage. Ce n’est pas toujours évident de 
			trouver un bon mouillage dans les lagons des iles de la Société. 
			Très souvent, on ne peut pas s’approcher très près de la cote. Il y 
			a un platier avec très peu d’eau qui déborde assez loin.. Au loin le 
			récif sur lequel brise la houle du large et qui lui aussi est 
			prolongé dans le lagon par un platier sans profondeur et parsemé 
			d’une multitude de patates de corail. Entre les deux, dans le grand 
			bleu  qui descend à pic, on a vite des profondeurs de plus de 20 
			mètres. 
						
						 
						Grillade sur la plage du poisson péché au fusil dans le lagon. 
			Symbole de la vie libre et naturelle, sans contrainte, sans besoin 
			d’autre chose ni de personne,  presque sans argent. Mais attention 
			de bien choisir les espèces pour ne pas attraper la ciguatera qui 
			peut avoir des conséquences graves sur la santé, nécessiter 
			l’intervention de médecins compétents et générer de gros frais 
			médicaux… La liberté totale n’est pas possible à moins d’avoir un 
			peu de chance et de grosses compétences dans un nombre 
			impressionnant de domaine très variés …  | 
					 
					
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			Et en guise de conclusion ? 
			
				Aller en Polynésie c'est une 
			récompense aux multiples visages. On ne peut pas parler de la 
			Polynésie.... Il faudrait dire "les Polynésies".
			C'est tellement varié.   
				Il fait bien chaud au Nord de la 
			zone, comme aux Marquises proche de l'équateur . Il fait parfois 
			bien frais dans les îles australes agitées par les coups de houle en 
			provenance du grand Sud bordant l'antarctique.   
				Il y a des îles d'eau 
			comme les Tuamotu. Le spectaculaire, la diversité et la richesse de 
			ces atolls c'est dans l'eau qu'on les trouve.  
				Il y a des iles de 
			terre. C'est à peu près l'ensemble des Marquises mais c'est aussi 
			Tahiti, le principal intérêt n'est pas la navigation en voilier mais 
			la nature exubérante et généreuse des montagnes, la gentillesse des 
			habitants, l'exotisme des coutumes et des traditions. 
				Les gens sont différents d'un archipel à l'autre. Ils n'ont 
				même pas la même langue. Bonjour se dit Iaorana en tahitien et 
				Kahoha en marquisien.   
				Il nous faudrait 3 ans pour sentir et apprécier tout cela: Au 
				minimum 6 mois dans chaque archipel: Les Gambier, les Australes,  
				les Marquises, les Tuamotu, les iles de la Société... 
				Nous espérons y revenir un jour, peut-être pour un peu plus 
				longtemps que lors de notre premier passage. En tous cas, 
				aujourd'hui que nous n'y sommes plus, nous ressentons l'amertume 
				du regret. 
				
				  
			 
			  Il y a beaucoup d'autres textes et de 
			magnifiques photos dans les cahiers de voyages de Banik.
			Consultez la liste des 
			séries qui peuvent vous intéresser.   Voir 
			l'article rédigé sur Loisirs nautiques      |